Lors de la dernière séance du conseil municipal, il fut proposé, par un certain partisan du maire, que ce dernier entame des poursuites judiciaires pour punir ceux qui avaient osé contribuer à la production d'un article qui avait eu le malheur de s'avérer peu flatteur envers le maire Boucher et sa façon de gérer la municipalité.
Lors de l'avant-dernier article, nous avons par ailleurs pu mettre en évidence le ridicule de toute réaction consistant à « tirer sur le messager » plutôt que de commencer par se regarder soi-même, de manière à peut-être pouvoir éventuellement en venir à se demander si l'on n'aurait pas quelque part une certaine part de responsabilité à assumer.
Mais au delà de cela, s'il est une notion intéressante qui ressort d'une telle intervention, c'est bien de recourir aux procédures judiciaires pour régler ses problèmes, et plus spécifiquement, pour envoyer à tout le monde un message qui semble être le suivant : il vaudrait peut-être mieux ne pas trop parler (ou écrire...), si l'on ne veut pas se voir tout simplement traîné devant les tribunaux.
D'ailleurs, on ne peut sans doute que se réjouir du fait qu'une loi contre les « poursuites baïllons » aura récemment pu se voir adoptée, et ce dans le but de justement empêcher de tels abus du pouvoir juridique.
Ceci étant dit, avouons qu'il est plutôt frappant de constater à quel point cette petite histoire peut rappeler celle d'Elzéar Houde, qui fut conseiller municipal de Claude Boucher de 2005 à 2009.
M. Elzéar sera en effet resté resté célèbre pour avoir commis une erreur apparemment impardonnable, soit celle d'oser dire la vérité alors qu'il répondait à des journalistes. En effet, comme ceux-ci lui demandaient s'il était bien au courant des dépenses qui pouvaient être faites au Mont-Édouard, M. Houde a tout simplement répondu ce que le maire Boucher se trouvait en fait à lui répondre lorsque lui-même posait justement la question à ce dernier, à savoir : « Vous le saurez en temps et lieux ». Mauvaise idée.
Car le maire, après avoir d'abord fulminé contre un tel « acte de trahison », aura tôt fait de lui répondre par rien de moins qu'une mise en demeure, où il se trouvait à lui demander la somme 15 000 $ pour avoir tenu des propos « diffamatoire » qui « auraient perturbé sa vie personnelle, ainsi que celle de sa femme et de son fils ». Et cela, c'est en plus du fait que, toujours pour la même raison, M. Houde se sera vu retirer tous les dossiers qu'il avait pu prendre en charge comme conseiller, ce qui revenait donc à le « bannir » du conseil d'une façon aussi totale que pouvait apparemment le permettre la loi, puisque celle-ci n'autoriserait évidemment pas un maire à aller plus loin en empêchant par exemple un conseiller de siéger au conseil où il aura été élu.
Et le pire, c'est que tout cela s'est bel et bien passé comme ça.
Alors si l'on récapitule, le maire Boucher aura donc utilisé tout ce qui était en son pouvoir, ou autrement dit l'artillerie lourde, pour « punir » un conseiller qui, en bout de ligne, n'aura fait rien de plus que de dire la vérité, et qui plus est en ne révélant rien qui puisse plausiblement entraîner quelque révolution que ce soit, pour le moins qu'on puisse dire.
Et étrangement, un autre conseiller, en l'occurrence M. André Boudreault, aurait pourtant fourni la même réponse à la même question, à savoir que lui non plus n'était pas toujours au mis au courant de ce qui pouvait se dépenser au Mont-Édouard. Est-ce que le fait que M. Boudreault se trouvait à être un proche collaborateur du maire pourrait peut-être contribuer à expliquer le fait que cet autre conseiller n'aura pourtant jamais subi les foudres du maire à ce sujet, et encore moins reçu de mise en demeure ? Peut-être s'agit-il d'un des mystères de la vie dont nous ne connaîtront vraisemblablement jamais la réponse...
Mais une chose est claire, c'est qu'après un épisode aussi absurde, le message n'aurait pourtant jamais pu être aussi limpide : si vous osez parler contre le maire, et surtout, si vous osez même parler d'une façon qui puisse ne serait-ce qu'être perçue par ce dernier comme constituant une provocation, aussi tirée par les cheveux une telle interprétation dut-elle s'avérer, eh bien vous serez sévèrement puni.
Évidemment, on repassera pour ce qui est de respecter la liberté d'expression, même si celle-ci représente pourtant l'un des droits les plus fondamentaux qui peuvent être garantis par notre Constitution.
Et il ne nous reste plus qu'à nous demander ce qui pourrait bien arriver à un autre conseiller municipal, M. Graham Park, qui lui se trouve à être toujours en poste, ou du moins pour le moment... Car considérant le précédent qui vient d'être évoqué ici, il faut avouer que l'on serait quand même en droit de se demander ce qu'il pourrait bien arriver à M. Park maintenant que celui-ci est allé tout autrement plus loin que n'avait pu le faire M. Houde, en se dissociant publiquement de l'administration Boucher, et en allant même jusqu'à demander au maire Boucher de s'excuser pour avoir traité certains citoyens de « malades mentaux ». Disons que c'est donc à suivre...
Mais disons surtout qu'il faut peut-être avouer une chose, à savoir que, fort heureusement, l'Anse-St-Jean de 2011 semble ne plus tout à fait correspondre à ce que le village pouvait être en 2007, de sorte que maintenant, celui qui ose remettre en question les méthodes du maire Boucher, loin de s'aliéner le support de la population, risque plutôt de voir de plus en plus d'Anjeannois se rallier de son côté.
Peut-être faut-il donc croire qu'il vaille la peine de laisser le temps faire son oeuvre, après tout !...
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