26/07/2013

Pourquoi ?

Voici l'une des nombreuses questions sans réponses qui s'avèrent apparemment se faciles à dénicher de nos jours dans notre « cher royaume de l'Anse », ou plus précisément dans ce qui semble être devenu notre « couteuse autocratie de l'Anse » (autocratie : régime politique où un seul individu détient le pouvoir)...

Pourquoi la municipalité de l'Anse-St-Jean a-t-elle donc procédé, dans les premières années du règne de Claude Boucher, à l'achat de la montagne même sur laquelle est érigé le centre récréo-touristique du Mont-Édouard ? Et plus précisément, en quoi la notion de vouloir favoriser le développement immobilier aurait-elle donc pu justifier une telle décision, dans la mesure où, avant cet achat, nous étions à toute fin pratique déjà propriétaire de la montagne, en vertu d'un « bail emphytéotique » qui nous permettait justement de procéder à un tel développement ? Car un « bail emphytéotique » ne permet-il pas, par définition, à un locataire de se voir reconnaître un droit réel sur le bien qui lui est donné à bail, de sorte que celui-ci devient ainsi un « quasi-propriétaire » du bien en question (Voir d'ailleurs l'article suivant : Bail emphytéotique )?

De plus, si l'on garde en tête le fait que l'on ne parle vraiment ici que de la montagne de ski en tant que telle, sur laquelle aucune construction n'est en principe permise, sauf exception (comme dans le cas du chalet ou de la tour), il en ressort que l'achat de cette dernière n'a pu contribuer d'aucune façon à favoriser le développement immobilier. La décision d'aller d'acheter la montagne ne peut donc pas se voir plausiblement justifiée par la notion de vouloir accroître la taille du village alpin.

Alors encore une fois, en quoi cette décision du maire Boucher a-t-elle donc servi à quoi que ce soit d'autre que de faire payer davantage aux contribuables ?

Car si, à l'époque du bail emphytéotique, la municipalité ne devait payer que 5000 $ par année pour la location du Mont-Édouard, cette somme ne s'est-elle pas carrément multipliée par 6 depuis que nous devons donc payer pour l'achat même de la montagne, dans la mesure où cela nous coûterait maintenant pas moins de 30 000 $ par année en capital et intérêts ?

Et dans la mesure où ce bail emphythéotique avait été spécialement négocié pour n'être payé que pendant 50 ans (plutôt que pendant 100 ans, comme c'est habituellement le cas), l'achat de la montagne, tel que conçu par le maire Boucher, ne consiste-t-il pas à tout simplement nous faire payer en l'espace de seulement 20 ans une somme pratiquement équivalente à celle que nous aurions assumé au total à travers la location de cette dernière, et qui s'élève ainsi à environ 250 000 $ (5000 $ X 50 ans = 250 000 $) ?

Et qu'elles qu'aient pu être les raisons ayant pu conduire le maire Boucher à procéder à un achat aussi coûteux qu'apparemment inutile, comment alors ne pas en venir à conclure que ce dernier ne semble manifestement pas plus dérangé qu'il ne le faut par le fait que sa « gestion » des finances publiques a surtout pour effet de dilapider le bien collectif des Anjeannois, et plus précisément d'avoir fait disparaître en un temps record toute forme d'épargne que la municipalité avait pu générer auparavant, soit à une époque où celle-ci se voyait vraisemblablement, et pour le moins qu'on puisse dire, un peu plus sagement gérée ?...

19/07/2013

Se mêler de ses affaires...

Comme j'ai pu le mentionner lors de l'article précédent, c'est désormais notre maire lui-même qui prend en charge la vente des terrains du Mont-Édouard.

Afin d'essayer de voir si cela peut être considéré comme étant normal, pourquoi ne pas comparer notre situation à celle de notre éternel compétiteur, soit bien sûr le Valinouët.

On peut ainsi constater que la municipalité de Falardeau se trouve à vendre des terrains à des promoteurs, qui développent ensuite ces terrains pour finalement les revendre aux particuliers...

À prime abord, la situation peut donc sembler similaire, en ce sens que dans les deux cas, c'est en fait la municipalité qui vend les terrains, qu'elle aura au départ racheté au gouvernement, dans la plupart des cas.

Mais bien évidemment, celui qui conclurait que les deux approches sont réellement comparables ferait ainsi abstraction d'une distinction on ne peut plus fondamental, soit qu'à Falardeau, la municipalité vend les terrains à des promoteurs, qui EUX les revendent aux particuliers !

Autrement dit, il semblerait qu'il y ait quand même une limite à ce qu'une municipalité peut faire comme elle-même, et c'est ce tendent d'ailleurs à démontrer tant le succès du Valinouët que l'état de léthargie dans laquelle est manifestement tombé le développement immobilier au Mont-Édouard (voir d'ailleurs l'article précédent).

Et au cas où l'on adhèrerait encore à cette notion selon laquelle tout pourrait ou devrait être pris en charge par les autorités publiques, et au cas où l'on douterait donc encore du fait qu'il faut, pour qu'une municipalité ou un État puisse fonctionner d'une façon moindrement décente, que cette municipalité ou cet État sache quand même laisser ne serait-ce qu'un peu de place au secteur privé, ne suffirait-il pas alors de simplement rouvrir les livres d'histoire et de constater à quel point tous les régimes communistes auront systématiquement fini par engendrer certains problèmes aussi insolubles que fondamentaux, qui auront d'ailleurs été essentiellement les mêmes dans tous les cas, et qui auront en fait mené soit à leur faillite de tels régimes, soit à leur transformation radicale ?

Un raisonnement similaire paraît d'ailleurs tout aussi bien s'appliquer à la question de déterminer à quel point une municipalité devrait chercher à intervenir dans les affaires internes d'une entreprise, et même d'une entreprise comme une station de ski, dont l'avenir s'avère bien sûr étroitement lié à celui de la municipalité en question...

En reprenant la comparaison avec le Valinouët, on pourrait là encore conclure à la hâte que les deux situations se ressemblent, dans la mesure où, dans les deux cas, la station est détenue par la municipalité, qui la remet ensuite entre les mains d'une entreprise quelconque sous la forme d'un « contrat de gestion »...

Sauf que si l'on regarde les choses d'un peu plus près, on peut constater qu'au Valinouët, beaucoup de latitude est laissé au C.A. de la station... En bout de ligne, c'est un peu comme si la municipalité reconnaissait ne pas avoir vraiment d'expertise à ce niveau, et se trouvait donc à dire : «  C'est votre affaire... pour le meilleur et pour le pire ! »...

À Falardeau, la municipalité ne semble donc pas vraiment se mêler des affaires du centre de ski, ni davantage lui verser des tonnes d'argent à chaque année... En d'autres termes, il apparaîtrait que là-bas, la montagne soit à toute fin pratique... autonome !

Quant au C.A. du Mont-Édouard, on sait que l'on peut y compter pas moins de 3 représentants de la municipalité... sans qu'aucun d'eux ne fasse pourtant de ski, étrangement !

Et pour conclure cet article en revenant plus spécifiquement au contexte anjeannois, pourquoi ne pas simplement se poser les quelques questions suivantes...

Pour qui chercherait justement à faire plafonner, ou en d'autres termes à faire « staller » le développement immobilier d'une municipalité, la meilleure marche à suivre ne serait-elle pas de veiller à asphyxier et à affamer le promoteur qui serait le plus à même d'effectuer tel développement, selon une logique qui s'avère dont tout ce qu'il y a de plus élémentaire ?

Et en ce sens, une municipalité n'aurait-elle pas tout intérêt à laisser le « privé » prendre en charge au moins certains secteurs de la vie économique, notamment en ce qui a trait au développement immobilier, ne serait-ce que pour sauver aux contribuables des coûts aussi majeurs que ceux associés à l'achat de terrains, sans parler de ceux reliés à leur développement ?

Autrement dit, pourquoi ne pas laisser le développement entre les mains de ceux qui sont justement les mieux placés, et surtout les mieux qualifiés pour le réaliser ?

Et se pourrait-il donc que, dans le cas d'une municipalité comme d'un individu, on puisse avoir réellement intérêt à savoir tout simplement se mêler de ses affaires ?

05/07/2013

La « petite » histoire du Mont-Édouard...

Comme premier jalon de ma démarche visant à nous permettre d'en savoir un peu plus sur nous-mêmes en tant que collectivité, pourquoi ne pas commencer par récapituler un peu les faits marquants dans l'histoire de notre « cher » Mont-Édouard, ne fut-ce que dans le simple but de justement se rafraîchir la mémoire ?

Bien sûr, je ne me prétend pas nécessairement expert en la matière, mais voici tout de même un condensé d'à peu près toute l'information que j'ai pu glaner à ce sujet, au cours des dernières années...

Précisons d'emblée que le but premier de cette « chronologie » est surtout de « remplir les trous », en permettant donc de comprendre un peu mieux tout ce qui a pu se passer lors des intervalles entre différentes périodes charnières qui avaient déjà pu se voir décrites plus en détail à travers certaines articles précédents, auxquels on peut d'ailleurs accéder à partir de ce texte.

Et puisque c'est en principe à partir de la connaissance du passé que l'on est le mieux à même de construire l'avenir, j'ai bon espoir que ce petit compte-rendu puisse tout de même s'avérer utile...

Alors bonne lecture !

L'Éditeur du Blogue du Pont Couvert

Chronologie (plus ou moins détaillée) des événements marquants associées à la création et au développement de la station touristique du Mont-Édouard

1) L'ouverture

1990 – Construction du chalet du Mont-Édouard, création d'un OBNL chargé d'administrer la station, et ouverture de celle-ci en décembre de la même année (voir d'ailleurs l'article suivant : Entrevue avec Lucien Martel )

Précisons que le maire de l'Anse-Saint-Jean, M. Laurent-Yves Simard, avait demandé au gouvernement de lui faire don de montagne ; le ministre Chevrette a seulement pu lui accorder un bail amphithéotique, mais il a tout de même pu faire en sorte que le loyer associé à ce bail ne doive être payé que pendant 50 ans, plutôt que durant les 100 ans normalement associés à un bail amphithéotique. À raison d'un loyer de 5000 $ par année pendant 50 ans, la municipalité aurait ainsi payé au total une somme de 250 000 $, soit à peu près le même prix que celui pour lequel M. Boucher l'a acheté lors des dernières années $... Sauf que plutôt que de ne coûter que 5000 $ par année, nous devons aujourd'hui payer bien davantage, soit pas moins de 30 000 $ en capital et intérêts, de sorte que l'on aura pratiquement multiplié par six la somme devant être payée annuellement par les contribuables pour que la station puisse simplement avoir le droit d'utiliser la montagne sur laquelle elle est située (ce à quoi nous reviendrons d'ailleurs lors d'un prochain article)...

Acheter la montagne aurait donc été plus payant à l'époque de la fondation du Mont-Édouard, puisque cela n'aurait coûté que de 130 à 140 000 $, une somme que la municipalité n'aurait d'ailleurs même pas été obligée de payer, puisqu'elle avait alors davantage en réserve accumulée...

Sauf qu'en 96 est survenu le déluge... ce qui a bien sûr eu pour effet de forcer la municipalité à concentrer ses réserves financières et ses énergies en général à des dossiers quelque peu plus urgents...

Il a donc fallu s'en tenir au bail amphithéotique, qui avait au moins le mérite de permettre à la municipalité d'acheter les remontées mécaniques, en « débloquant » le règlement d'emprunt à cet effet. Il faut comprendre qu'il apparaissait à l'époque comme étant prioritaire que la municipalité devienne au moins propriétaire des remontées mécaniques, lors de la cession de la montagne à la Coop (voir le paragraphe suivant), afin d'éviter un éventuel démantèlement de ces dernières, comme cela avait pu se voir à St-Sauveur. C'est donc en ce sens que M. Laurent-Yves Simard s'est alors vu conseiller par la représentant de la SADC du Fjord, M. André Neptun.

2) La redéfinition

1995-96 – Cession de la station à la Coopérative des Travailleurs du Mont-Édouard, formée à partir des travailleurs qui étaient déjà en place au moment de la faillite de l'OBNL auquel avait au départ été confiée la gestion de la station (voir d'ailleurs l'article suivant : Ce bon vieux temps de la Coop... )

Notons que c'est à ce moment que le chalet du haut de la montagne s'est vu construire puis offert à la Coopérative des Travailleurs du Mont-Édouard, en échange des remontées que celle-ci a donc du céder à la municipalité.

3) Le développement

1994 – Construction du Refuge par Doris Duchesne et Claude Boudreault.

Années 2000 – La montagne est progressivement aménagée afin de permettre le développement du village alpin. Deux mesures fondamentales furent notamment effectuées en ce sens par la municipalité : soit l'établissement, par la mairesse Rita Gaudreault, d'un aqueduc par lequel les terrains du Mont-Édouard pouvaient donc se voir approvisionnés en eau, et le « dézonage » de la montagne, qui fut réalisé par le maire suivant, M. Claude Boucher. Précisons que ce dernier aura également pris en charge la création d'un réservoir d'eau nécessaire à l'opération des bornes d'incendie.

2004 - Création d'une compagnie formée de la Coopérative des Travailleurs du Mont-Édouard, de la SADC et de Doris Duchesne, afin de permettre à la station du Mont-Édouard de disposer du financement et des ressources humaines pouvant lui permettre de procéder à un véritable développement immobilier. Doris Duchesne avait alors été approché par la SADC parce qu'il était déjà sur le terrain, et qu'il avait donc l'expérience requise tant en ce qui a trait à la construction résidentielle qu'à sa connaissance du milieu en tant que tel.

Le partage des actions faisait par ailleurs en sorte que pour chaque terrain vendu, la SADC et Doris Duchesne percevaient chacun 45 % des profits, tandis que la Coop recevait 10 % de ceux-ci.

Une certaine mésentente finira d'ailleurs par apparaître à ce niveau, la Coop considérant que l'aventure n'était pas très rentable pour elle, puisqu'elle ne faisait au départ que vendre des terrains à 3500 $ chacun, tandis que l'essentiel des profits s'en allait à l'investisseur et au constructeur... Mais aux yeux de ceux-ci, la Coop s'en retrouvait tout de même gagnante, car même si elle retirait peu du développement immobilier en tant que tel, elle trouvait à bénéficier largement de l'accroissement en achalandage que ce dernier pouvait entraîner, dans la mesure où il permettait notamment de garder les skieurs pour des fins de semaine complètes, plutôt que seulement pour une journée...

Quoi qu'il en soit, ce litige ne pu manifestement pas être résolu, et quelques années plus tard, la Coop demanda de racheter les actions détenues par la SADC, qui les remit donc en vente, mais comme la Coop ne disposait pas, financièrement parlant, d'une marge de manoeuvre suffisamment grande, elle n'a finalement pas pu racheter les actions de la SADC durant la période de 30 jours qui avait été fixé à cet effet.

C'est donc au final Doris Duchesne qui aura récupéré les actions qui avaient été remises en vente par la SADC et que la Coop n'avait donc pas pu racheter. Précisons que cela aura du coup forcé M. Duchesne à allonger, pour être en mesure de conserver sa place sur l'échiquier, pas moins de 240 000 $ (ce qui incluait par ailleurs un 18 % d'intérêt en « plus-value » par rapport à ce que la SADC avait elle-même payé au départ), sans qu'il ait alors pu disposer bien sûr de telles liquidités, puisque le développement immobilier, à l'époque, en était encore à un stade plus ou moins embryonnaire, et que personne ne se trouvait à réellement « rouler sur l'or », contrairement à ce que l'on semble parfois penser.

C'est lors la même année que la municipalité, sous la gouverne de Mme Gaudreault, entrepris de « faire passer l'eau » au Mont-Édouard. Il fut alors entendu que Doris Duchesne prenne en charge une telle opération, y compris son financement, et qu'il serait ensuite repayé par la municipalité, une fois la tâche complétée. La Caisse Populaire du Bas-Saguenay avait donc octroyé à Doris Duchesne la financement nécessaire à ce projet, sous la forme d'un prêt de 118 000 $ sans intérêt.

Cependant, quand la SADC s'est retiré du consortium qu'elle formait jusque là avec la Coop et Doris Duchesne, la Caisse a aussitôt demandé que son prêt lui soit repayé en totalité, puisqu'elle n'avait plus confiance en l'entreprise, une fois la SADC retirée de l'équation. Et à ce moment, la municipalité était encore dans l'impossibilité d'effectuer le remboursement qu'elle avait promis, ce qu'elle ne serait en mesure de faire que plus tard dans l'année. Il aura donc fallu que Doris Duchesne paye ce montant en totalité, et ce tout juste après avoir payé le 240 000 $ qu'il avait pourtant du emprunter pour racheter les avoirs de la SADC...

Comme le dit d'ailleurs M. Duchesne lui-même, en parlant notamment de ce passage plutôt difficile dans son parcours en affaires : «  C'est pas la première piasse qui est dure à trouver, c'est souvent la dernière piasse qui est dure à trouver ! »...

Aux termes de nombreux sacrifices, tant de la part de la Coop que de M. Duchesne, le développement du village alpin avait donc finalement pu prendre son erre d'aller, et la montagne pouvait enfin s'approcher d'une réelle rentabilité. C'est alors qu'est advenue l'ère Boucher...

4) La descente

2005 Peu de temps après avoir été élu à la mairie de l'Anse-Saint-Jean, Claude Boucher pousse la Coop à la faillite, afin de permettre à la municipalité de prendre contrôle de la station du Mont-Édouard (voir d'ailleurs l'article suivant : Ce bon vieux temps de la Coop... ).

Cette opération aura notamment eu pour effet de licencier l'essentiel des travailleurs qui étaient alors en place à ce moment, dont plusieurs étaient du milieu ( voir d'ailleurs l'article suivant : L'art de couper ). Et comme il lui fut souvent reproché par la suite, M. Boucher aura ensuite fait entrer, pour les remplacer, des « professionnels » dont l'une des caractéristiques notables était de demander des salaires tout autrement plus imposants que ceux qui avaient pu se voir versés jusque là au Mont-Édouard, et ce sans justement que la station ne dispose nécessairement de ressources financières pour assumer de telles dépenses en ressources humaines (voir d'ailleurs l'article suivant : Et s'il avait bel et bien des choses à corriger, au Mont-Édouard ?... )...

Du reste, ces travailleurs, comme les précédents, finirent eux aussi par être licenciés, avec tous les coûts supplémentaires que cela pouvait donc entraîner, de sorte que la station aura du supporter deux fois plutôt qu'une les coûts reliés au congédiement de sa propre main-d'oeuvre.

Précisons qu'un des effets les plus tristes de cette seconde vague de licenciements fut que les projets qui avaient alors été entrepris ne purent être menés à terme, de sorte qu'on se sera notamment retrouvé avec une tour au sommet de la montagne, sans que celle-ci ne puisse être visitée par les croisièristes auxquels elle était sensé bénéficier au départ, tandis que les sentiers aménagés à cette fin n'ont pu depuis que tomber en friche.

5) Le fond du baril

Comme il a été dit plus haut, le maire Boucher aura procédé, lors des premières années de son mandat (soit vers les années 2006-2007) à l'aménagement d'un réservoir à eau devant servir aux bornes d'incendie, ce qui au final aura coûté environ 1,8 millions, somme qui fut essentiellement payée par les gouvernements fédéral et provincial, la municipalité elle-même ne devant débourser qu'environ 10 % de celle-ci.

Or, comme cette opération devait se voir accompagnée par la pose d'un réseau d'aqueduc et d'un système d'égout dans le secteur, « l'idée géniale » du maire fut de profiter de l'occasion pour aménager non seulement un réservoir à eau, mais aussi de nouveaux terrains à développer sur le pourtour de celui-ci, et qui devaient bien sûr servir à accroître encore davantage le parc immobilier du Mont-Édouard.

Cela impliquait donc le rachat à la MRC des terrains en question. Doris Duchesne fit donc une offre à la MRC, mais celle-ci lui fut refusée, parce que la municipalité n'avait pas donné son accord à une telle transaction. C'est qu'entretemps, le maire en était manifestement venu à considérer Doris Duchesne comme un « concurrent », en suivant vraisemblablement un raisonnement du genre « si c'est bon pour minou, c'est bon pour pitou »...

La municipalité acheta donc elle-même les 65 terrains à la MRC, et allongea pour cela une somme d'environ 300 000 $.

Vint ensuite la question de développer lesdits terrains. La municipalité fit donc un appel d'offres en ce sens, et encore une fois, Doris Duchesne fut le premier, et d'ailleurs le seul à y appliquer. Son offre fut cependant rejetée une fois de plus, sous prétexte qu'elle « n'allait pas dans le sens voulu », et la municipalité se retrouva donc à devoir développer ses terrains par elle-même.

Or, après un certain temps, soit autour de l'année 2009, elle dut se rendre à l'évidence, et constater qu'elle en était incapable, et que le développement escompté ne se faisait tout simplement pas ; elle refit donc une offre à Doris Duchesne, que celui-ci accepta.

Il fut alors créée une entreprise, et plus précisément un « PPM » (partenariat privé-municipalité), dont les actions furent répartis à parts égales entre les trois principaux intervenants que le projet pouvait impliquer, soit Lauréat Gagné, Doris Duchesne et la municipalité, de sorte que chacun de ces actionnaires se trouvait à détenir 33% des avoirs de l'entreprise.

De plus, il fut décidé que pour tout terrain qui serait alors vendu, les profits seraient répartis selon l'équation suivante : 70 % pour Lauréat Gagné, 15 % pour Doris Duchesne et 15 % pour la municipalité, le but étant donc de payer Lauréat Gagné en priorité, en tant que « fournisseur », et afin d'éviter que ce dernier reste trop longtemps dans l'attente du remboursement des sommes évidemment majeures qu'il avait pu injecter dans ce projet (soit environ 600 000 $), et pour lesquels il ne pouvait espérer d'autre éventuel « retour sur l'investissement », à la différence des deux autres.

Tout cela a donc fonctionné pendant quelques années, puis, en 2011, le maire a décidé une troisième fois de « tasser » Doris Duchesne, en lui refusant le 15 % de profit auquel il avait pourtant droit. M. Boucher en était manifestement venu là encore à voir M. Duchesne comme un compétiteur. Par ailleurs, il faut dire qu'après avoir travaillé avec lui pendant quelques années, et après avoir donc utilisé ses contrats de vente et appris les rudiments du métier de « vendeur de terrains », il est selon toute évidence devenu d'autant plus facile pour le maire de se dire « pourquoi demander à d'autre de faire ce qu'on peut faire nous-mêmes », et de conclure ainsi qu'il n'avait tout simplement plus besoin de M. Duchesne, d'où sa décision de tout bonnement éjecter celui-ci de l'équation.

C'est pourquoi c'est maintenant nul autre que le maire de notre village qui vend les terrains du Mont-Édouard, comme vous l'avez peut-être déjà remarqué... Nous avons donc désormais « un maire qui vend des terrains », ce qui représente sans doute une première au Québec, sinon dans le monde...

Maintenant, cela constitue-il pour autant une innovation digne de louanges, ou plutôt un étrange rappel de l'ère communiste, où tout devait à tout prix se voir effectué par le gouvernement, y compris tout ce qui entre pourtant dans le champs de spécialisation des différents acteurs du secteur privé ?...

Le maire a-t-il donc vraiment eu une excellente idée en décidant encore une fois de faire fi des autres pour tout prendre sur lui-même ? Pourquoi ne pas remettre l'étude d'une si intéressante question à un prochain article, et plus précisément à l'article suivant, tant qu'à cela ?

Mais pour conclure tout d'abord la dernière section de cette « petite » histoire du Mont-Édouard, pourquoi ne pas jeter un coup d'oeil à ce qui, selon toute logique, constitue le point ultime de toute chronologie digne de ce nom, soit bien sûr le moment présent ?

6) Les pots cassés

Comme c'était bien sûr prévisible, il semble être devenu long et compliqué de développer ou de vendre des nouveaux terrains... Comment aurait-il d'ailleurs pu en être autrement ? Car après tout, depuis quand est-ce sensé être la spécialité d'un maire d'une municipalité que de procéder à du développement immobilier ?

Le développement ayant ainsi atteint un plateau (ou ayant ainsi « stallé », pour dire les choses d'une façon plus québécoise...), on se retrouve donc avec un village alpin qui plafonne à 210 unités, alors qu'il en vaudrait 450 pour que la montagne puisse devenir réellement viable, selon une étude qui avait été commandée à cette fin.

Quant à Doris Duchesne, il se demande encore ce qu'il y a d'injustifiable dans le fait qu'une « commission » de 15 % soit versée à un « agent immobilier » qui, en plus de rencontrer de nouveaux clients et de faire en sorte d'en attirer davantage, prend en charge la production d'études de développement, et surtout le développement des terrains en tant que tel !

En attendant la réponse à cette question, M. Duchesne ne peut qu'essuyer les dégâts causés par une histoire politique aussi mouvementée... Son entreprise ne compte ainsi plus que 23 employés, elle qui auparavant en employait pas moins de 68, ce qui bien sûr implique d'autant moins de retombées économiques pour notre milieu...

Et pour ce qui est de M. Lauréat Gagné, on pourrait pratiquement parler de lui comme du « grand perdant » dans toute cette histoire, dans la mesure où la non-vente des terrains l'empêche de récupérer l'argent qu'il a pu investir dans toute cette affaire, et qui en tout s'élèverait à environ 700 000 $... Plusieurs années après les travaux, la municipalité n'aurait donc toujours pas fini de le rembourser, ce qui d'ailleurs n'apparaîtrait pas sur les tableaux faisait le portrait de la dette actuelle...

Et parlant d'endettement, M. Gagné ne s'attend sans doute pas à grand chose de la part de la municipalité, dont la capacité d'emprunter a depuis longtemps été « surutilisée »...

Car on peut sans doute s'entendre pour dire que lorsqu'une dette municipale approche les 4 millions, et surtout les 2000 $ par personne, on commence à parler de quelque chose d'assez singulier, surtout quand on garde en tête qu'en temps normal, lorsqu'on se situe autour de 2 ou 300 $ par personne, on est sensé pouvoir se considérer comme étant déjà plutôt endettés...

Et dans un tel contexte, il est par ailleurs bien évident que la municipalité ne dispose aucunement de latitude financière qui pourrait lui permettre d'assumer correctement ses obligations les plus élémentaires, à commencer par l'entretien des chemins... C'est donc ce qui explique le fait que dans un village qui dépend du tourisme, les chemins se retrouvent souvent dans un état plus que lamentable, ce qui, ironiquement, s'avère particulièrement manifeste aux deux pôles autour desquels gravite en fait l'activité touristique, soit bien sûr la marina et la station, qui aux dernières nouvelles aspirait pourtant en arriver à pouvoir réellement fonctionner durant quatre saisons...

Mais désormais, quand les touristes Européens nous dirons qu'il n'en reviennent pas de voir à quel point nos chemins font pitié, nous saurons exactement comment leur expliquer les raisons pour lesquelles on en sera justement arrivés là !

7) L'avenir ?

La véritable question, concernant l'avenir non seulement du Mont-Édouard, mais de l'Anse-Saint-Jean dans son ensemble, se posera bien entendu en novembre 2013, ou en d'autres termes aux prochaines élections municipales...

Mais pour être réellement en mesure d'y répondre, il faudra surtout avoir su répondre à la question suivante : au bout du compte, le maire Boucher aura-t-il effectué un travail qui mérite d'être renouvelé, ou aura-t-il surtout causé plus de tort qu'autre chose, ne serait-ce qu'au niveau financier ?

Et au cas où cela pourrait aider en ce sens à trouver davantage d'éléments de réponse, je vous suggère fortement de lire les prochains articles de ce Blogue, ou encore de simplement relire les articles ayant pu s'y voir publiés précédemment, à commencer par celui-ci !

Alors bonne lecture !