28/10/2011

Le meilleur des deux mondes

Tout le monde à l'Anse-St-Jean a vraisemblablement pu devenir familier avec le raisonnement suivant, qui aura manifestement passé à l'histoire pour ce qui est d'expliquer la démarche de la nouvelle administration du Mont-Édouard : « l'équipe précédente a fait un beau gâchis en dépensant à tort et à travers, de sorte qu'il faut maintenant un bon coup de balai ». Cette petite histoire semble même avoir pratiquement accédé au statut de mythe, tant de par le fait que tous la connaissent désormais assez bien pour la répéter machinalement dès qu'on aborde le sujet de la montagne, que de par le fait que la validité d'une telle affirmation se trouve à n'être plus que rarement remise en question, du moins chez une bonne partie de la population.

Et si cette petite histoire n'était justement qu'une fable, en fin de compte ? Et s'il ne s'agissait finalement que d'une allégorie politique simpliste destinée surtout à acquitter le maire de toute forme de responsabilité dans ce dossier ? Et en un mot : si les choses n'étaient pas nécessairement aussi simples que cela ?

Car après tout, ne s'avère-t-il pas un peu trop commode de « blanchir » le maire concernant le travail d'une administration qu'il avait pourtant personnellement décidé de mettre à la tête de la station, tout en se faisant pour cela le plaisir de carrément remercier celle d'avant, ainsi que le personnel qui pouvait lui être associé ?

Mais surtout, peut-on sérieusement reproché à la dernière administration de s'être lancé dans un train de dépenses plus imposant, alors qu'elle ne se trouvait ainsi qu'à tout simplement faire ce qui lui était demandé ?

Autrement dit, n'est-il pas un peu trop grossier de prendre pour boucs-émissaires ceux qui auront accompli une certaine tâche, du moment où celle-ci devrait soudainement s'avérer moins populaire ? Et surtout, cela ne correspond-il pas un peu trop exactement à la stratégie habituelle du maire pour qu'on puisse justement penser qu'il s'agisse d'autre chose ?

Or après tout, peut-être un tel comportement est-il en fait simplement caractéristique de l'espèce humaine en elle-même, car comme le dit ci-bien un des principaux acteurs intéressés dans ce dossier, « la victoire a plusieurs pères, mais la défaite est orpheline », et, pour être plus précis, « quand on coupe, ça prend toujours un coupable ! »....

Mais pour en revenir à l'essentiel, ne faudrait-il pas être un peu trop naïf pour croire que le Conseil d'Administration aurait pu se montrer aveugle au point d'ignorer tout des dépenses de la précédente administration, ne serait-ce que du moment où l'on considère l'ampleur de ces dernières ?

Et pour finalement en venir au cœur du sujet : est-il vraiment si clair que le fait d'entreprendre de telles dépenses s'avérait une si mauvaise idée ?

Car s'il faut avouer qu'il est plutôt commode de rechigner sur le coût des derniers investissements entrepris au Mont-Édouard maintenant que ceux-ci sont justement complétés, est-on vraiment sincère dans nos jérémiades au point de souhaiter que de tels investissements n'aient jamais été entrepris ?

Car si l'on nous donnait le choix, serait-on vraiment si emballés à l'idée de nous débarrasser de travaux aussi importants, voire fondamentaux que ceux l'on peut fait énumérer à travers la liste suivante : édification de la tour du sommet de la montagne, établissement des 5 belvédères, ouverture d'un nouveau versant, création de nouveaux sentiers notamment en prévision de visites de touristes devant arriver par croisière durant l'été, et tout cela sans compter une remise à niveau des infrastructures qui n'avaient pas été retouchées depuis les dix dernières années, de même qu'une vague de développement domiciliaire impliquant notamment la confection d'un nouveau chemin et d'un nouvelle prise d'eau, sans parler bien sûr des 40 nouveaux terrains mis en vente par la municipalité ?...

Bien évidemment, on pourra assez facilement arguer que tout cela, c'est bien beau, mais que c'était quand même peut-être un peu trop. C'est de bonne guerre.

Mais ira-t-on de là à dire qu'il aurait mieux valu ne rien faire ?

Et qu'en est-il de la renommée pratiquement internationale que tout cela aura valu au Mont-Édouard, ne serait-ce que pour un moment (ou jusqu'à ce la bisbille éclate, pour être plus précis...), aurait-on également préféré ne jamais pouvoir en bénéficier ? Car lorsqu'on en vient à lire des articles parlant d'une montagne de ski « digne d'un parc national », ne faut-il pas avouer qu'on ne parle quand même pas de rien non plus ?

21/10/2011

« Ça vaut ce que ça vaut »

On est évidemment en droit de se questionner, au départ, sur la crédibilité scientifique d'un sondage effectué par une administration municipale plutôt que, disons, une firme de sondage reconnue, surtout dans la mesure où, comme on a pu le voir lors de l'entrée précédente de ce blogue, cette administration semble étrangement refuser de rendre publique tout document qui pourrait pourtant permettre de justement conférer à un tel sondage ne serait-ce qu'un minimum de crédibilité.

Pour reprendre les mots d'un représentant du Ministère des Affaires Municipales à l'endroit de toute forme de sondage de ce type, il faut croire que « ça vaut ce que ça vaut ». En d'autres termes, et toujours en citant le même représentant, s'il est évident qu'un sondage peut s'avérer un outil intéressant pour une administration municipale, dans la mesure où cela lui permet notamment de « prendre le pouls » de la population, il semble tout aussi clair que la portée d'un tel outil s'avère passablement limitée, puisque pour être plus précis, celui-ci se trouve en fait à n'avoir pratiquement « aucune valeur scientifique ».

D'ailleurs, il y a au moins une raison pour laquelle tout sondage municipal semble s'avérer particulièrement insignifiant, soit le fait que dans le sondeur et l'objet du sondage se trouvent en bout de ligne à correspondre à une seule et même personne. Comme conflit d'intérêt, avouons qu'il serait sans doute difficile de trouver plus criant.

De plus, cela est rendu encore plus frappant dans le cas présent, de par le fait que le principal intéressé par le sujet du sondage dont il est ici question, qui ne fait donc qu'un avec le sondeur, ne pourrait sans doute se sentir en fait plus concerné par les résultats d'un tel sondage, puisque ceux-ci se trouvent à représenter rien de moins qu'un verdict populaire à son endroit, ce qui, dans le cas d'un politicien, peut donc revenir à ni plus ni moins qu'un constat d'échec, ou bien sûr de réussite.

Et bien sûr, comme s'il n'était pas déjà assez louche qu'un tel exercice semble, comme on pouvait donc s'y attendre, ne pouvoir se conclure que par un triomphe sans appel du politicien qui en est l'auteur, il se trouve que ce dernier, comme par magie, refuse systématiquement de rendre public qui permettraient justement de confirmer un tel triomphe.

Enfin, s'il restait encore à toute cette mise en scène une quelconque bribe de crédibilité, celle-ci devrait sans doute être rendue pratiquement inexistante par le questionnement suivant : « quel citoyen irait donc avouer ouvertement son désaccord avec la conduite d'un maire, à plus forte raison du moment ou la question se trouve à lui être posée par nul autre que le maire en personne, et risquer ainsi de passer ouvertement par un « contestataire » aux yeux de ce dernier, avec toutes les conséquences que cela peut impliquer ? »...

Et la question ne se pose-t-elle pas de façon d'autant plus pertinente du moment où l'on parle d'un petit village où l'on peut pratiquement considérer que toute le monde se connaît, et que la vaste majorité des citoyens se trouve, d'une façon ou d'une autre, à être relié de près ou de loin au maire, voire de dépendre plus ou moins directement de ce dernier ?

Et quand on connaît la façon dont le maire Boucher traite, ou du moins considère ceux sur lesquels a lui-même pris l'habitude de poser l'étiquette de « contestataires », peut-on vraiment faire autrement que de comprendre tout citoyen qui aurait mieux à faire que de prendre le risque de se retrouver sur le chemin de quelqu'un qui, pour reprendre une expression utilisée précédemment dans son blogue, aura carrément réussi à instaurer rien de moins qu'un « climat de terreur » à l'Anse-St-Jean ?

Mais surtout, quand on considère un tel amas de conditions qui ne peuvent qu'en venir à fausser les données qui auront été ainsi recueillies, et quand on considère que le sondage dont se vante le maire sera pratiquement parvenu à commettre toutes les erreurs, pour ne pas dire toutes les entourloupes qui peuvent justement faire en sorte de biaiser les résultats d'un tel exercice, et donc à faire pratiquement tout ce qu'une firme de sondages digne de ce nom se ferait justement un devoir d'éviter en premier lieu, comment peut-on donc réagir autrement, à la réception de ces résultats qu'on aura trouvé le moyen de nous transmettre sans rire, que de balancer ces derniers à la poubelle ?

« Ça vaut ce que ça vaut », pour reprendre une dernière fois les termes de ce cher représentant du MAMROT. Cependant, s'il nous fallait justement évaluer ce que vaut exactement le sondage du maire sur sa propre popularité, il semble que l'on aurait d'autre choix que de conclure, à la lumière de cette courte réflexion, que ça ne vaut, pour le moins qu'on puisse dire, pas grand chose.


Le paradoxe de la transparence

Le 30 août dernier, une demande d'information a été effectuée par un citoyen auprès du conseil municipal de L'Anse-St-Jean, au sujet d'un certain sondage que le maire aurait réalisé autour de la mi-août et qui aurait notamment permis à celui-ci de constater un taux record d'approbation populaire à son égard.

Le citoyen en question a finalement pu recevoir une réponse à sa demande... mais ce, pas avant la mi-septembre, soit pas moins d'un mois et demi plus tard.

Et cela, c'est en tenant compte du fait que le même citoyen a entretemps dû renouveler sa demande, en précisant par ailleurs que si l'on ne pouvait donner suite à celle-ci, il n'aurait alors d'autre choix que de passer par la Commission de l'Accès à l'Information. On est alors en droit de se demander combien de temps tout cela aurait donc pu prendre si le maire ne s'était vu l'objet de pressions supplémentaires à cet effet !..

De plus, dans cette réponse que l'on peut d'ailleurs consulter ici et ici, on peut voir qu'il demeure pratiquement impossible de consulter tout questionnaire rempli, ce qui revient à dire qu'il n'y a donc aucun moyen de vérifier si les chiffres avancés par le maire se trouvent à être basé sur quelque réelle donnée que ce soit ; en bout de ligne, cela se trouve donc à carrément permettre de douter que de telles données existent, et donc qu'un quelconque sondage ait jamais eu lieu.

Et c'est là qu'on peut d'ailleurs observer le paradoxe existentiel de la transparence, ou plutôt de l'absence de celle-ci, et que l'on pourrait en fait exprimer de la façon suivante : pourquoi une quelconque autorité prendrait-elle la peine de garder quelque chose caché, si pourtant elle n'a supposément « rien à cacher » ?... Et pour être plus précis, qu'est-ce que le fait de cacher quelque chose peut bien suggérer, sinon que l'on ait justement de bonnes raisons de le tenir caché ?

Car si une autorité est réellement confiante en le fait que ces affirmations sont basées sur la réalité, pourquoi hésiterait-elle donc à rendre publiques les documents qui permettent justement de le prouver ?

Et dans la mesure où cette autorité semble plutôt préoccupée à interdire toute forme d'accès à de telles données, qu'est-ce que cela tend donc à prouver, sinon que l'autorité en question est justement peu confiante dans la capacité de ces données à démontrer que ses affirmations sont réellement fondées ?

Autrement dit, qu'est-ce qu'un tel comportement tend donc à suggérer, sinon que l'on est tout simplement incapable de prouver que l'on dit la vérité ?

Or, si l'on dit réellement la vérité, ne serait-il pourtant pas sensé être simple de le prouver ?
Et si l'on se montre plutôt incapable de prouver que l'on dit la vérité, ou que l'on refuse tout simplement de le faire, qu'est-ce que cela se trouve donc à suggérer, sinon que, à supposer que l'on puisse examiner la réalité de plus près, on devrait plutôt se rendre compte que celle-ci se trouve en fait à contredire ce qui a auparavant pu être présenté comme la vérité ?

En d'autres termes, qu'est-ce ce que le manque de transparence tend donc à supposer, sinon que l'on ment, tout simplement ?

Remarquez qu'il ne serait sans doute guère plus scientifique de conclure que, du moment où une administration démontre un manque de transparence, il faille automatiquement interpréter la réalité comme correspondant pratiquement au contraire de ce qu'une telle administration peut avancer. En fait, une telle conclusion ne s'avèrerait guère plus scientifique, puisque la seule chose qui puisse permettre en principe de poser un jugement scientifique, ou en d'autres termes rationnel et crédible, est de pouvoir d'abord être en mesure d'observer les faits. Or justement, du moment où l'on empêche cela d'arriver, ne se trouve-t-on du même coup à ôter toute forme de crédibilité scientifique à tout ce qui pourrait être subséquemment affirmé ?

Ainsi, bien qu'on ne puisse d'aucune façon affirmer avec certitude que le maire ment lorsqu'il prétend avoir un sondage faisant état de sa popularité, mais qu'il refuse pourtant de montrer à qui que ce soit, on peut cependant, et ce avec toute la certitude scientifique que cela peut impliquer, considérer qu'une telle affirmation en elle-même n'a justement aucune crédibilité scientifique. De là à déduire qu'elle ne se trouve donc à avoir aucune crédibilité tout court, il n'y a bien sûr qu'un pas, comme sans doute vous en conviendrez.

Et n'est-ce pas là que peut apparaître dans toute sa splendeur ce que l'on pourrait donc appeler le « paradoxe de la transparence » ? Car après tout, n'est-il pas ironique qu'en tentant d'affirmer quelque chose sans pourtant vouloir le prouver, on ne peut en faire qu'ôter d'avance à une telle affirmation toute forme de crédibilité ? Et n'est-il pas pratiquement cocasse de constater qu'à force de vouloir contrôler totalement l'opinion des autres, quitte à devoir pour cela tenter de leur faire croire quelque chose sans pour autant être en mesure de prouver que cela soit basé sur quelque réalité que ce soit, on ne se trouve en bout de ligne qu'à saboter soi-même sa propre crédibilité ?

Cette petite réflexion permettrait donc, en bout de ligne, de donner au maire le conseil suivant : pourquoi ne pas démontrer un peu plus de réelle transparence, ne serait-ce qu'afin d'éviter de vous tirer vous-mêmes dans le pied ?