26/02/2011

Et si l'on cherchait d'abord à régler les vrais problèmes ?...


Nous avons donc terminé la dernière entrée de ce blogue avec la question suivante : comment se fait-il que la station du Mont-Édouard soit incapable de profiter des revenus de tous les services pouvant entourer le ski, comme l'hébergement, en plus bien sûr des boutiques et écoles de ski, alors que c'est justement de tels revenus que la montagne manque le plus cruellement ?...

Or, si cela peut ressembler d'abord à une question existentielle, il semblerait que la réponse en soit pourtant plutôt facile à trouver, du moins pour en ce qui concerne les services d'hébergement.

En effet, on sait que le Mont-Édouard s'est retrouvé forcé, il y quelques années, de céder la propriété de ses installations d'hébergement à un entrepreneur, en l'occurrence celui qui avait construit la plupart de celles-ci, et dont l'entreprise s'appelle aujourd'hui Aux Pieds d'Édouard. Et si l'administration de la montagne a été poussée à prendre une décision aussi peu stratégique, on peut pratiquement deviner que c'est parce qu'elle n'en avait pas le choix ; et personne ne sera sans doute surpris d'apprendre que si elle n'avait justement pas le choix de procéder autrement, c'est qu'elle se trouvait alors à faire face à de graves problèmes financiers.

Il semblerait ainsi que l'on se trouve à faire face à une sorte de cercle vicieux : à cause de la précarité de sa situation financière, la montagne se trouve à devoir poser des gestes qui ne peuvent qu'empirer cette situation de précarité, ce qui ne peut que la pousser à poser d'autres gestes qui la rendront toujours plus précaires.

D'ailleurs, il faut croire que l'un de ses autres gestes contre-productifs aura été fait plus récemment, alors que la municipalité a pris possession de la montagne, vraisemblablement en se disant que c'était alors le seul moyen qu'il pouvait rester pour la sauver. Et encore une fois, si les bonnes intentions ne semblaient certainement pas manquer autour d'une telle décision, on peut se demander si celle-ci peut a vraiment fait autre chose, après tout, que de compromettre encore davantage l'avenir de la montagne.

À ce chapitre, on pourrait parler de l'ingérence politique qui semble dorénavant devoir caractériser tout ce qui peut se décider concernant la montagne, avec toute la partisanerie et les chicanes que cela peut entraîner, dans la mesure ou de telles décisions peuvent alors difficilement faire autrement que de relever du calcul politique, plutôt que de l'abc de ce qu'on pourrait plutôt appeler de la saine gestion.

Et s'il est une façon on ne peut plus concrète par laquelle la « nationalisation » du Mont-Édouard équivaut pour l'Anse-St-Jean à se tirer dans le pied, c'est que dorénavant, tout développement futur de la montagne semble être compromis, dans la mesure où, comme on peut le voir présentement, les contribuables sont loin de nécessairement voir d'un bon oeil tout investissement, et donc toute dépense supplémentaire que la montagne pourrait demander, alors qu'ils ne sont déjà pas nécessairement enchantés de devoir éponger eux-mêmes le déficit de cette dernière, et ce année après année.

Ainsi, les lois de la politique semble pouvoir difficilement faire autrement que de destiner le Mont-Édouard au statu quo, sinon à un inexorable déclin qui semble d'ailleurs bien commencé. Peut-être est-ce genre d'histoires qui font dire à certains que ce n'est pas nécessairement le mandat des politiciens de gérer des entreprises, ou autrement dit de faire autre chose que ce pourquoi ils sont payés à la base, et qui semble déjà bien assez difficile comme cela, à en juger de par la difficulté qu'ils semblent généralement éprouver pour ce qui est de « livrer la marchandise », ou du moins de répondre aux attentes de leurs populations...

Et dans ce cas, qui serait donc mieux positionné pour gérer une entreprise, se ce n'est tout simplement un entrepreneur, ou autrement dit, un professionnel de ce qu'on appelle l'entreprise privée ?...

Mais si l'on revenait d'abord au problème de base ?...

On se rappelle donc que le Mont-Édouard, comme tout centre de ski, pourrait difficilement espérer se voir devenir rentable un jour sans d'abord s'assurer de pouvoir profiter lui-même de ce qu'on pourrait appeler les « services périphériques » de l'industrie, tels que l'hébergement et les boutiques et l'école de ski.

Or, comme on a pu le voir, une montagne comme le Mont-Édouard pourrait difficilement espérer pouvoir s'approprier d'elle-même de tels « services périphériques », d'autant plus que c'est à cause de sa propre précarité qu'elle a justement du se défaire d'au moins un de ceux-ci, à savoir l'hébergement !...

Et comme on vient aussi de le voir, si en théorie la municipalité aurait peut-être les « reins assez solides » pour racheter elle-même de tels services, quitte à les rendre ensuite à la montagne, il lui semblerait impossible de le faire en réalité, à cause des considérations politiques que cela pourrait impliquer. Autrement dit, on pourrait difficilement concevoir une administration municipale qui oserait entreprendre de telles dépenses, à moins de ne voir aucun problème à perdre ensuite ses élections.

Devant un tel état de fait, qui, vraiment, aurait donc la capacité de se lancer dans de tels investissements, sinon l'entreprise privée ? Et comment une entreprise pourrait-elle voir une quelconque rentabilité dans le fait de se procurer de tels « services périphériques », si ce n'est dans la mesure ou elle se trouverait d'abord à devenir propriétaire de la montagne en tant que telle ?...

Et si, autrement dit, l'avenir de la montagne passait en fait par sa privatisation ?...

Et avant de rejeter une telle idée du revers de la main, peut-être devrait-on jeter un coup d'oeil à ce qui peut se passer du côté du Mont-Tremblant.

Bien sûr, la municipalité de Mont-Tremblant est aujourd'hui fortement critiquée, et ce non sans raisons, pour son modèle de développement qui semble avoir consisté à faire une sorte de Disney Land du ski ce qui n'était au départ qu'un tout petit village, et sans que tout cela semble d'ailleurs profiter plus qu'il ne faut à ce dernier. On notera d'ailleurs qu'il s'agit très certainement du modèle parfait de ce qu'il ne faudrait donc pas faire en matière de développement touristique, ce qui devrait nous intéresser d'autant plus qu'à la base, on parle à cet égard d'un village au profil essentiellement similaire au nôtre.

Ceci étant dit, il faut cependant reconnaître au Mont-Tremblant ses succès pour tout ce qui peut concerner l'industrie du ski en tant que telle ; en effet, il semblerait qu'en terme de rentabilité, la station de ski du Mont-Tremblant se classe parmi les premières au Québec, pour ne pas dire, à plus proprement parler, qu'elle compte en fait parmi les seules qui soient réellement rentables, plutôt que de s'avérer carrément déficitaires, comme d'ailleurs la nôtre.

Le secret de Tremblant ? Il se trouve, que, comme par hasard, la station de Mont-Tremblant appartient apparemment à une compagnie privée du nom d'Intrawest, qui se spécialiserait justement dans la gestion de centres de ski, et ce à travers toute l'Amérique du Nord. D'ailleurs, le statut multinational d'une telle entreprise ne peut que confirmer son expertise, en plus qu'il ne peut que lui garantir une plus grande capacité financière, qui puisse donc lui permettre de procéder à des investissements de plus grande ampleur, du genre dont notre montagne aurait justement besoin.

Évidemment, le cas d'Intrawest n'est qu'un exemple, qui ne tend en fait qu'à démontrer que, du moment que l'on ouvre sa porte plus grand, de plus grands joueurs peuvent alors entrer eu jeu...

Et bien sûr, cela ne veut pas dire qu'il n'y aurait qu'à mettre la montagne en vente pour que l'acheteur parfait se présente aussitôt. Mais tant que l'on tient la porte fermée, alors que peut-on vraiment espérer de nouveau, sinon encore plus de dégénérescence que l'on a déjà pu en constater jusqu'ici ?...

Et si, comme dans tout bon processus d'appel d'offre, on part du principe que l'on recherche avant tout le meilleur candidat possible, alors que cherche-t-on au juste à accomplir, du moment que l'on se refuse à procéder ainsi, sinon à garder une entreprise entre les mains d'administrateurs, notamment municipaux, qui n'ont pas nécessairement intérêt à voir leur compétence comparée à d'autres ?... Et dans ce cas, pourquoi laisserait-on certains administrateurs garder le contrôle sur la montagne, si ceux-ci ne sont justement pas à la hauteur ?...

N'est-ce pas là le genre de questions qu'il nous faudrait surtout nous poser en tant que contribuables, et donc en tant que ceux qui de toutes façons auront à payer les factures au bout du compte, que les choses soient bien gérées ou non ?...

3 commentaires:

  1. Votre questionnement sur la privatisation versus la nationalisation du Mont-Édouard est très intéressant.

    Toutefois, le promoteur immobilier que vous identifiez a maintenu son développement à travers les diverses crises de la station. Il faut reconnaître que sans ce joueur sur l'échiquier, possiblement que la situation financière serait beaucoup plus difficile.

    Le promoteur de la montagne a réussi, bon an mal an, à accroître le développement immobilier et les unités de location d'hébergement tout en offrant une gamme de produits et services: les bains et l'épicerie, etc. Des facteurs très importants dans la mobilisation de l'achalandage. Donc, il est clair que son existence aide en majeure partie à l'accroissement des revenus à la billetterie, par exemple.

    Pour le partage des revenus et des dépenses entre les différents agents économiques de la montagne, il y a plusieurs avenues à envisager: partenariat public-privé, privatisation, reconnaissance du soutien des dépenses par les contribuables, reconnaissance réelle sur les retombées socio-économiques dans le milieu, promotion ciblée et, surtout, DE LA PATIENCE.

    « VERTU PREMIÈRE: LA PATIENCE. RIEN À VOIR AVEC LA SIMPLE ATTENTE. ELLE SE CONFOND PLUTÔT AVEC L'OBSTINATION» André Gide

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  2. Ce qu'il y a de très particulier dans la situation actuelle, c'est que l'on demande aux gens en place de rentabiliser illico le Mont-Édouard. C'est bien de tendre vers cet objectif mais il faut demeurer réaliste.

    Par ailleurs, on investit dans la montagne alors que certains veulent croire que ça ne coûtera rien. Le déni n'a jamais changé la réalité.

    Parfois, nous perdons de vue que la montagne et la municipalité viennent de procéder à des investissements majeurs pour améliorer ses équipements tout en ajoutant des d'infrastructures au sommet, un garage, un nouveau versant, une station d'eau dans la montagne pour le développement immobilier, de nouvelles pistes de ski de fond, etc.

    De plus, la station est ouverte 4 saisons et 7 jours durant la saison de ski. Une façon d’attirer des touristes.

    Demander aux gestionnaires et aux administrateurs de rencontrer la rentabilité maintenant, c'est comme demandez à une balle de neige de survivre en enfer.

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  3. Ce qu'il y a de très particulier dans la situation actuelle, c'est que l'on demande aux gens en place de rentabiliser illico le Mont-Édouard. C'est bien de tendre vers cet objectif mais il faut demeurer réaliste.

    Par ailleurs, on investit dans la montagne alors que certains veulent croire que ça ne coûtera rien. Le déni n'a jamais changé la réalité.

    Parfois, nous perdons de vue que la montagne et la municipalité viennent de procéder à des investissements majeurs pour améliorer ses équipements tout en ajoutant des d'infrastructures au sommet, un garage, un nouveau versant, une station d'eau dans la montagne pour le développement immobilier, de nouvelles pistes de ski de fond, etc.

    De plus, la station est ouverte 4 saisons et 7 jours durant la saison de ski. Une façon d’attirer des touristes.

    Demander aux gestionnaires et aux administrateurs de rencontrer la rentabilité maintenant, c'est comme si vous demandiez à une balle de neige de survivre en enfer.

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