16/05/2011

Sommes-nous au Canada ou en Lybie ?


Il semblerait qu'en ce moment même, monsieur le maire soit en train d'essayer de déterminer l'identité de l'Éditeur en Chef de ce blogue, ou autrement dit, de l'auteur même de ces lignes. En fait, il semble qu'il souhaiterait surtout que cet auteur cesse de justement de tenir ce blogue, et donc de tenir des propos susceptibles de remettre en question certains aspects de son travail.

Bien sûr, il n'est sûrement pas le premier politicien à entretenir ce genre de souhait. Car après tout, qui aime se faire contredire, et qui plus est publiquement ? Et c'est d'ailleurs sans doute pourquoi les relations entre le pouvoir et les médias ont tendance à être plutôt tendues, pour le moins qu'on puisse dire, et ce partout à travers le monde.

Cependant, et parlant du reste du monde, rappelons qu'il existe une différence assez fondamentale que l'on peut noter à ce chapitre entre les pays que l'on dit « démocratique », et les régimes que l'on qualifie plutôt de « dictatoriaux ». En effet, dans toute société qui se veut démocratique, la liberté d'expression, et donc la liberté de presse, et supposée représenter non seulement l'un des droits les plus fondamentaux que l'on peut y retrouver, mais surtout l'un des facteurs premiers qui puissent justement garantir le caractère démocratique d'une telle société. Car après tout, le principe même d'une démocratie, soit ce qu'on appelle le « gouvernement responsable », n'est-il pas de faire en sorte que les élus soient tenus responsables de leurs actes devant la population ? Et n'est-ce pas justement l'un des buts premiers des médias, que de forcer les élus à rendre compte de leurs actions, en veillant d'abord à ce que ces dernières soient connues du public ? Et cela ne devrait-il pas représenter le droit, voire le devoir le plus fondamental de tout citoyen que de veiller à se former un opinion vis-à-vis du travail de ses élus, en commençant d'ailleurs par s'informer à ce niveau, ne serait-ce qu'afin de pouvoir ensuite être mieux en mesure de lui demander à ces élus de répondre de leurs actions ? Et puisque la démocratie est essentiellement une entreprise collective, n'est-il pas tout aussi fondamental de laisser les citoyens s'exprimer, ne serait-ce que de façon à ce que ceux-ci puissent ensemble juger eux-mêmes de ce qui serait dans leur meilleur intérêt, ce qui correspond après tout à la définition même de la démocratie ?

Bien sûr, tous ces beaux principes devraient normalement nous sembler tout à fait familiers dans un pays à longue tradition démocratique comme le nôtre. Mais ceci dit, il devrait sans doute s'avérer tout aussi évident que de tels principes soient les premiers à être bafoués dans des régimes que l'on pourrait plus proprement qualifier de « dictatoriaux ». Ainsi, personne n'est sans doute surpris que la « liberté d'expression » est un terme qui ne veut pas vraiment dire grand chose dans des pays comme la Lybie et la Syrie, ce qui d'ailleurs représente sans doute l'une des raisons premières pour lesquels de tels pays connaissent présentement des révolutions, que notre propre gouvernement s'emploie en fait à supporter, à un degré ou à un autre.

Mais si notre pays s'avère donc un si fier champion de la démocratie, au point de veiller à encourager l'instauration de celle-ci à travers la planète, comment pourrait-il être acceptable que cette même démocratie puisse pourtant se voir malmenée à l'intérieur même de ses frontières ?

Car pour être plus précis, du moment qu'un élu semble remettre en question un principe aussi fondamental à la démocratie que la liberté d'expression, se trouve-il vraiment à agir d'une façon qui soit digne des pays véritablement démocratiques, ou plutôt des régimes dictatoriaux et totalitaires dans tout ce que ceux-ci peuvent avoir de plus abject ?

On peut certainement comprendre le maire lorsque ce dernier avance que le fait d'avoir « mauvaise presse » ne peut certainement pas contribuer à embellir l'image d'un village, ce qui en soit est en fait une évidence. Mais justement, le véritable rôle d'un élu est-il de simplement répéter des évidences, pour ensuite s'employer surtout à « tirer sur le messager », en croyant peut-être qu'il suffit de faire taire ceux qui osent parler pour que tout soit réglé ? Et si l'on se plaît donc à employer des méthodes ni plus ni moins que répressives, alors peut-être vaudrait-il la peine de se demander si justement la répression constitue une façon appropriée de gérer une population, ou si celle-ci ne tend en fait qu'à emmener celle-ci qu'à éventuellement se retourner contre son « souverain », comme on peut d'ailleurs le voir en ce moment au Moyen-Orient ?

Et au départ, peut-on vraiment croire que la meilleure façon de régler ses problèmes, dans la vie, soit de tout simplement éviter d'en parler ? Ou est-ce qu'une telle approche, qui ne revient donc qu'à refuser de faire face à ses problèmes et donc se « mettre la tête dans le sable », peut-elle vraiment mener à quoi que ce soit ?

Et ultimement, le rôle d'un élu, lorsqu'il se voit donc critiqué dans les médias, est-il vraiment de se plaindre, ou plutôt d'accepter ses responsabilité, en commençant donc par remplir le devoir premier pour lequel il a justement été élu, soit d'accepter de rendre compte de ses actes devant la population ? Ou autrement dit, le véritable rôle d'un politicien est-il vraiment de tenter de se défiler de sa responsabilité première, ou plutôt de veiller à justement honorer celle-ci ?

Ainsi, la première chose qu'un politicien responsable se devrait donc de faire, s'il se voit critiqué, ne serait-elle pas plutôt de commencer par lui-même s'interroger, et au besoin de consulter sa propre population, afin de voir ce qu'il lui faudrait faire afin de mieux remplir son devoir premier qui n'est après tout que de bien servir celle-ci ? Et si, pour une raison ou une autre, il préfère continuer d'agir dans le même sens malgré les critiques, comme il a parfaitement le droit de le faire, y a-t-il cependant quoi que ce soit qui l'empêche de s'expliquer devant sa population, ne serait-ce que de façon à ce que celle-ci en vienne à se montrer plus réceptive à son approche ? Mais surtout, la dernière chose pourrait faire un élu digne de ce nom ne serait-elle pas de chercher à faire taire ses opposants, dans la mesure bien sûr où il se prétend à la tête d'un système ne serait-ce que moindrement démocratique ?

Ou autrement dit, si le maire tient tant à ce que l'Anse-St-Jean n'aie pas « mauvaise presse », alors ne pourrait-il pas d'abord s'assurer lui-même de prendre les mesures pour que le village commence à « meilleure presse », justement ? Car après tout, dans la mesure où il se trouve lui-même à être à la tête du village, n'est-il donc pas le mieux placé pour veiller à ce que celui-ci soit géré d'une façon qui puisse attirer autre chose que de la critique ?

On répondra peut-être que ce n'est pas à moi ou à quiconque de dire au maire comment faire son travail. Mais si ce dernier commençait par s'assurer de bien faire son travail, plutôt que de se borner à traquer ses « opposants » et à chercher des coupables, peut-être n'y aurait-il nul besoin de faire quelque critique que ce soit, justement.

Alors si l'on veut à tout prix éviter d'être critiqué, pourquoi alors ne pas commencer par agir en conséquence, tout simplement ?...

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