Bien
sûr, on peut d'emblée supposer que le caractère dynamique et
accueillant du village en tant que tel n'est pas étranger à un tel
succès.
C'est
d'ailleurs un constat qui semble se faire de lui-même aussitôt que
l'on commence à visionner le documentaire « Les
Irréductibles », qui se trouve justement à décrire
l'atmosphère communautaire et pour le moins joviale qui
manifestement caractérise désormais ce petit village de l'Estrie.
Notons au passage que l'on peut commander le documentaire en question
par Paypal en cliquant sur le lien
suivant,
tandis qu'il paraît pratiquement impossible de se le procurer
autrement, ou du moins en passant par Archambault...
Ceci
étant dit, on pourra sans doute deviner que si la municipalité de
Saint-Camille a réussi à carrément inverser chez elle la tendance
démographique que l'on peut pourtant observer dans presque tous les
villages du Québec, soit bien sûr celle de la décroissance, et ce
sans pourtant disposer d'attrait touristique majeur comme le
Mont-Édouard dans le cas de l'Anse-St-Jean, ce n'est certainement
pas seulement en faisant les beaux yeux aux nouvelles familles qui se
recherchent un endroit pour s'établir, ni simplement en étant
gentil gentil avec eux...
En
fait, point n'est besoin de visionner quelque documentaire que ce
soit pour savoir que le succès de Saint-Camille découle
essentiellement d''un projet en particulier, soit celui du « Rang
13 », qui consistait au départ à rendre à nouveau accessible
un ancien rang désaffecté, et pour ce faire à mettre en vente un
terrain d'environ 300 acres. Il est par ailleurs à noter qu'une
telle vente, et ce à un prix qui, apparemment, s'avérait pour le
moins avantageux, n'a été rendue possible qu'en raison de
l'approche visionnaire du citoyen qui au départ était propriétaire
du lot en question, et aurait pu obtenir un bien meilleur prix pour
celui-ci, mais souhaitait tout bonnement que le terrain sur lequel il
avait lui-même planté pas moins de 600 000 arbres (!!!) puisse
justement servir à l'établissement de nouvelles familles plutôt
qu'à la simple coupe de bois. En d'autres termes, il semble s'avérer
un prérequis, si l'on veut que soit entreprise une forme de
développement qui s'avère ne serait-ce que moindrement tournée
vers l'avenir, que de pouvoir compter sur la générosité et la
vision à long terme d'au moins une personne clé, et idéalement de
l'ensemble des acteurs concernés, comme cela semble justement avoir
été le cas à Saint-Camille.
Maintenant,
pour entrer dans les considérations quelque peu plus techniques de
l'expérience camilloise du Rang 13, il faut comprendre que le
processus qui aura fondamentalement permis d'aller de l'avant à ce
niveau fut essentiellement de passer par la création d'une
coopérative pouvant servir d'intermédiaire entre le propriétaire
originel et les nouveaux arrivants. Plus précisément, en procédant
par ce qu'on appelle une « levée de financement » et
notamment par l'émission de « parts privilégiées », la
coopérative aura éventuellement pu générer le financement
nécessaire à l'achat du terrain, du moins à partir du moment où
elle aura su attirer une « masse critique » de membres
contributeurs, en réussissant à atteindre le nombre de 17 familles
inscrites, tandis qu'il y avait en tout 25 terrains potentiels,
terrains qui depuis ont d'ailleurs tous été vendus. Or, là encore,
notons que les nouvelles familles ont eu la chance de pouvoir
bénéficier d'un peu d'aide extérieure, à travers au moins une
subvention gouvernementale, soit celle désignée comme un « prêt
à la mise de fond », et sans laquelle l'avenir du projet
aurait fort probablement pu se voir compromise.
Une
fois le lot en sa possession, la coopérative aura enfin pu passer à
la vente de terrains en tant que telle, et réussir ainsi à financer
ses propres activités tout en permettant aux nouvelles familles de
prendre possession de leurs propres petits « lopins de terre ».
En bout de ligne, ce furent donc pas moins de 25 nouvelles familles
qui seront venues s'établir dans un petit village auparavant
dévitalisé, tout cela à cause d'un projet bien conçu et bien
mené, et qui surtout aura pu se voir bien appuyé et secondé
lorsque pouvait s'en ressentir la nécessité.
Comme
on peut sans doute s'y attendre, il semble que d'autres ingrédients
entrent également dans la recette qui aura donc permis au projet du
Rang 13 de bien tourner, un peu beaucoup comme une sauce qui aurait
bien pris. Ainsi, en interrogeant une personne qui a tenu un rôle
central dans le déroulement de ce processus, on apprend qu'aux yeux
des principaux intéressés, l'un des facteurs qui auront le plus
contribué à rendre le projet attrayant semble avoir été pour les
familles impliquées de s'approprier celui-ci, et d'en devenir
pratiquement les « maîtres d'oeuvre ». En fait, c'est
même à ces dernières qu'il a finalement appartenu de délimiter
les terrains en lesquels aura donc pu être divisé le lot qui leur
avait été remis. De plus, les nouveaux arrivants se seront vus tout
à fait libres de définir par eux-mêmes la « charte de
fonctionnement » décrivant un ensemble de règles minimales
par lesquelles ceux-ci acceptaient ainsi de s'engager, du moins
jusqu'à un certain point, dans une certaine forme de
« vivre-ensemble ». Or comme cette liberté, voire cette
« souveraineté » se trouvent à tout simplement provenir
du fonctionnement coopératif en lui-même, on pourrait pratiquement
conclure qu'au fond, l'une des clés de la prouesse démographique
semble s'être avéré le modèle coopératif en tant que tel.
Par
ailleurs, il faut bien sûr avouer qu'un des aspects intéressant du
projet s'avère sans doute le fait que les nouvelles familles se
trouvent à être regroupées dans un même espace, ce qui constitue
vraisemblablement un point de départ idéal pour ce qui est de
permettre l'apparition entre celles-ci d'une dynamique d'interaction,
voire d'interdépendance. Et en fait, toujours selon l'un des
principaux acteurs concernés, l'expérience camilloise aurait
représenté, aux yeux de plusieurs des nouveaux arrivants, une sorte
de juste milieu entre l'individualisme typique de notre société et
le modèle plus collectif et donc plus restrictif de
« l'éco-hameau », qui se trouverait donc à présenter
les inconvénients suivants : les bâtiments y sont souvent partagés
et la vie de groupe tend à y être régulée de façon plus rigide,
tandis que l'éco-hameau lui-même se trouve à être souvent retiré
de la société dans son ensemble, ce qui tend donc à lui conférer
une certaine marginalité. En comparaison, le modèle de
Saint-Camille représenterait donc une sorte de juste milieu entre
ces « deux extrêmes », en permettant à ceux qui y
adhèrent de jouir des avantages d'une vie plus communautaire tout en
conservant une certaine individualité. Alors vu comme cela,
pourrait-on seulement mieux demander ?
De
façon un peu plus concrète, tout cela pourrait surtout nous emmener
à nous demander : jusqu'à quel point les exploits de Saint-Camille
pourraient donc se voir transférés dans notre propre contexte ? Et
en tout premier lieu, pouvons-nous vraiment prétendre disposer ici
des ingrédients de la recette qui a donc si bien servi à ce village
de l'Estrie ?
C'est
ce dont nous discuterons donc plus tard sur ce blogue, et plus
précisément lors de la prochaine entrée à paraître sur celui-ci
!...
Et en
attendant... Bon questionnement !...
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