09/08/2011

Le point sur la dette

Peut-être le temps serait-il venu de mettre certaines choses au clair.
Premièrement, il semble que le maire ait raison lorsqu'il affirme que le taux d'endettement en tant que tel, soit l'endettement total divisé par ce qu'on appelle la « richesse foncière uniformisée », se compare à celui d'autres municipalités. En effet, il semble que celui-ci soit, en moyenne, d'environ 3-4 % pour l'ensemble des municipalités du Québec. Cette information peut être vérifiée à travers le rapport intitulé « La situation fiscale des municipalités québécoises », publié conjointement par l'Union des Municipalités du Québec et par le Conference Board of Canada, de sorte que sa crédibilité pourrait donc difficilement être remise en question. Mais comme il s'agit d'un document hautement technique, il pourrait s'avérer plus intéressant de consulter plutôt la présentation Powerpoint suivante, qui se trouve essentiellement à vulgariser certaines questions reliées à la dette municipale, et où le taux moyen de 3-4 % se voit également mentionné, ce que l'on peut donc considérer comme une confirmation supplémentaire de sa fiabilité.

Or, il se trouve qu'il semble y avoir deux mesures de base permettant de tenir compte de l'endettement des municipalités, soit le taux d'endettement en tant que tel, dont nous venons donc de parler, et l'endettement municipal per capita, qui représente donc l'endettement total divisé par le nombre de citoyens résidents, du moins tel qu'il se voit habituellement calculé... Or, à ce chapitre, disons que l'Anse-St-Jean est loin de faire aussi bonne figure.

Concernant l'endettement municipal per capita, on pourra maintenant consulter un article du Soleil publié dans Cyberpresse et ayant pour titre «Bulletin des villes: ­Québec et Montréal parmi les plus endettées  ».

On apprend notamment que Montréal serait à ce chapitre l'une des plus endettées du Québec, comme on pouvait sans doute s'y attendre, et comme on peut d'ailleurs le visualiser de par le graphique suivant. Or, comble de surprise, il s'avérerait donc que l'endettement per capita de l'Anse-St-Jean, à 3188 $ par habitant (comme on peut d'ailleurs le vérifier sur le document suivant), serait présentement, croyez le ou non, pratiquement supérieur à celui de Montréal, qui s'élève en fait à 3180 $ par habitant. On peut donc comprendre que cette mesure permette vraisemblablement de classer l'Anse-St-Jean parmi les municipalités les plus endettées du Québec. On peut alors aussi comprendre l'acharnement que peut mettre le maire à tenter de nier un tel chiffre, quitte à recourir pour cela aux artifices mathématiques les plus élémentaires, comme on aura donc pu le constater lors de l'entrée précédente de ce blogue.

Ainsi, on se rend compte que ce qui pose problème, ce n'est pas nécessairement l'endettement du village en termes absolus : c'est plutôt le fait que ce dernier soit supporté par une si petite population, à comparer à ce que l'on peut observer ailleurs au Québec. Autrement dit, un tel niveau d'endettement supposerait normalement une population tout autrement plus grande, de sorte que le fait de le faire supporter entièrement une somme d'environ 3 millions de dollars par grosso modo un millier d'habitants seulement a pour effet de rendre notre village bien autrement plus endetté que la plupart des autres municipalités.

Alors si l'on récapitule, on se rend compte que l'Anse-St-Jean dispose de beaucoup d'actifs de valeur, comme on l'exprime d'ailleurs en utilisant le vocable de « richesse foncière uniformisée ». Une telle richesse lui permet donc de s'endetter beaucoup plus que ne le pourrait le faire d'autres municipalités moins bien pourvues en termes d'actifs. Cependant, la ou la municipalité se voit rattrapée par la réalité de son endettement, c'est du moment ou l'on commence à mesurer l'endettement total non pas en fonction de la richesse foncière, mais plutôt en fonction du nombre d'habitants en tant que tel. Et il ne faudrait quand même pas se leurrer : une municipalité pourra bien s'endetter tant qu'elle le voudra, il reste qu'un tel endettement ne se trouve-t-il pas à être supporté, en bout de ligne, par nuls autres que ses citoyens eux-mêmes ? Car après tout, à qui est-il donc demandé de payer les taxes, sinon à eux ? Et à qui, sinon à eux, sera-t-il donc demandé, en bout de ligne, de rembourser la dette municipale, en n'oubliant surtout pas de payer les intérêts ? Et si, autrement dit, chaque citoyen de l'Anse se trouve déjà à devoir payer pas moins de 3250 $ de dette municipale simplement pour habiter dans ce village, soit plus que dans presque toutes les autres municipalités du Québec, est-ce qu'on ne pourrait peut-être pas convenir que les finances municipales commencent à peser peut-être un peu lourdement sur les épaules des principaux intéressés ?

Mais surtout, pourrait-on au moins se « garder une petite gêne » lorsque l'on veut commencer à minimiser l'importance de l'endettement municipal à l'Anse-St-Jean, comme semble d'ailleurs le faire le maire Boucher ? Car cela ne revient-il pas à carrément rire au nez des contribuables, qui pourtant ont déjà à supporter plus que pratiquement n'importe ou ailleurs au Québec ?

Et si justement la première chose à faire serait donc de tout simplement reconnaître le problème, plutôt que le minimiser et donc le nier, alors la deuxième chose ne devrait-elle pas automatiquement s'avérer de faire tout ce que l'on peut pour faire face à ce dernier, et donc éviter, à tout le moins, que l'on voit le fardeau fiscal s'alourdir encore davantage sur les épaules des contribuables ?

Autrement dit, ne serait-il pas tout simplement temps de s'ouvrir les yeux et d'agir, plutôt que de chercher apparemment qu'à tout faire pour les garder fermés, et pour ensuite ne laisser le problème que s'aggraver encore et toujours davantage ?

Le choix à faire ne semble-t-il pourtant pas s'avérer assez simple, après tout ?...

08/08/2011

Pour qui le maire nous prend-il donc ?

Et voici donc le maire Boucher nous livrer une autre de ces cabrioles politiques dont lui seul a le secret. À la limite, peut-être pourrait-on même dire que l'on commençait presque à s'en ennuyer.

En fait, de telles manœuvres semblent devenir si typiques de son administration qu'on pourrait peut-être même leur trouver un nom, pourquoi pas celui de « boucheries », d'autant plus qu'elles se semblent généralement avoir d'autre but que de charcuter toute forme d'opposition politique, un peu à la manière des dirigeants d'états totalitaires ou fascistes, finalement.

D'ailleurs, tout comme d'autres dirigeants politiques pour qui tous les moyens sont bons en autant qu'ils leur permettent d'arriver à leurs fins, le maire Boucher paraît ne pas même hésiter à recourir à la mauvaise foi, du moment où cela peut lui conférer un certain avantage pour ce qui est de regagner la faveur de l'opinion public, du moins selon ses propres calculs.

Car en effet, n'est-il pourtant pas le premier à rappeler à qui veut l'entendre qu'il ne faudrait surtout pas commencer à comparer « des pommes et des oranges »? Et en tant qu'ex-professeur de mathématiques, ne serait-il pas sensé être le premier à savoir éviter un tel piège de débutant pour ce qui est de savoir interpréter les chiffres ?

Car comme on peut le voir dans l'article suivant, paru dans la dernière édition du Progrès-Dimanche, le maire se plaindrait donc que l'on brosse un portrait injuste de son administration, dans la mesure où l'on affirme que l'endettement municipal per capita y est de 3250 $, ce qui en ferait donc l'un des plus élevés du Québec. Il procède ensuite, et ce sans aucune gêne, à décrire une nouvelle méthode de calcul selon laquelle, comme on peut bien sûr s'en douter, les finances municipales de l'Anse-Saint-Jean sembleraient alors en bien meilleure position. Il s'agit de tout simplement incorporer les citoyens non résidents dans le calcul de la dette, de sorte que celle-ci, lorsque présentée selon la formule « per capita », se trouve donc à être divisée par un plus grand nombre de personnes, et donc à se voir ainsi réduite comme par magie, au point de ne plus représenter, en l'occurence, que la moitié du montant initial.

Or si l'Anse-Saint-Jean se trouve à être avantagée par une telle méthode de calcul, pense-t-on vraiment qu'il n'en serait pas de même pour les autres municipalités, si la même méthode de calcul se voyait justement employée aussi dans leur cas ? Autrement dit, le maire Boucher croit-il réellement que l'Anse-Saint-Jean soit la seule municipalité où l'on retrouve des citoyens non permanents, et où l'inclusion de ces derniers lors du calcul de l'endettement ne pourrait donc faire autrement que de produire un résultat sensiblement différent ? Et d'ailleurs, puisque l'on sait que le nombre de citoyens non résidents de l'Anse s'avère en fait très important, soit pratiquement équivalent à celui des citoyens résidents, le fait d'inclure ces derniers dans le calcul de l'endettement per capita de ce village, et de ce village seulement, ne se trouve-t-on pas ainsi à ne faire que fausser d'autant plus la comparaison à la situation financière des autres villages, justement ? Ou autrement dit, un tel stratagème ne s'avère-t-il pas alors d'autant plus pernicieux ?...

Tout cela, c'est bien merveilleux, mais peut-on seulement nous expliquer en quoi consiste un tel cirque, au juste ? À comparer des chiffres obtenus de par une certaine méthode de calcul avec d'autres obtenus de par une autre méthode de calcul ? Cela ne revient-il pas pourtant à comparer « des pommes et des oranges », et donc à faire exactement le contraire de ce que le maire lui-même semble pourtant considérer comme étant si fondamental ? Et justement, ne faut-il avouer qu'il s'agit tout simplement de la plus grossière façon de faire dire aux chiffres ce que l'on veut ?

Car si le maire n'emploie la méthode la plus avantageuse qu'à son endroit, que se trouve-t-il donc à faire, sinon à fausser d'avance les résultats de la comparaison, et donc à tricher d'une manière aussi évidente que celle consistant, lors d'un marathon, à partir avec une longueur d'avance sur ses adversaires ?

Et ce n'est pas tout, car pour justifier de telles manipulations des chiffres officiels, le maire Boucher prétend même se demander « où ces chiffres ont été pêchés », bien qu'il sache pertinemment que ceux-ci ne viennent de nul par ailleurs que du Ministère des Affaires Municipales. Mais qui est donc le maire Boucher, pour se permettre de balayer du revers de la main les rapports officiels du gouvernement, avant de s'amuser à triturer ces derniers au moyen de petits tours de passe-passe qui ne seraient pourtant pas sensés impressionner un élève de cinquième année du primaire ?....

Et le voilà continuer ensuite en annonçant, avec tambours battants, qu'il a eu recours à la firme Malette pour obtenir les données lui permettant de s'amuser à fausser la comparaison des finances municipales de l'Anse avec celle d'autres villages au Québec. Comme si le fait de simplement mentionner le nom d'une firme comptable permettait de légitimer une séance de manipulation des chiffres qui ne pourrait pourtant s'avérer plus flagrante ! Et comme si le fait de simplement mentionner le nom d'une firme comptable permettait de faire oublier instantanément la totalité des chiffres officiels du gouvernement, ainsi que des comparaisons que celles-ci permettent d'établir !

Autrement dit, c'est à se demander si le maire prenait donc les Anjeannois, tout comme d'ailleurs l'ensemble des lecteurs du Progrès-Dimanche, pour des imbéciles.

On peut bien comprendre que le maire Boucher préférerait sans doute que l'endettement municipal soit moins élevé. Il a d'ailleurs toute la population pour le comprendre à ce niveau.

Cependant, il lui faudra pourtant comprendre que ce n'est pas en tentant de fausser les données officielles que notre dette municipale de plus de 3 millions viendra à s'effacer comme par magie.

Et pour ce qui est de se sortir d'un cycle de surendettement, ce n'est pourtant pas comme s'il y avait cinquante-six mille moyens, et ce n'est pas non plus comme si c'était pourtant si compliqué. Le vrai remède, tout le monde le connaît, et ce depuis la nuit des temps : il s'agit d'une part d'augmenter ses revenus, et d'autre part de réduire ses dépenses.

Ceci étant dit, on peut comprendre, encore une fois, qu'une telle prescription ne s'avère pas nécessairement si facile à suivre, comme sont d'ailleurs en train de le réaliser la plupart des États, de la Grèce aux États-Unis d'Amérique eux-mêmes.

Mais si le moyen d'assainir un budget est évidente, il en va de même pour ce qui est de la meilleure façon d'empirer un déséquilibre budgétaire, ou n'importe quel problème : il suffit de tout simplement nier ce dernier et faire comme si de rien n'était, en commençant notamment par le camoufler. Et c'est malheureusement cette voie que le maire semble avoir plutôt choisi d'emprunter.

Et pourtant, tout le monde sait que si quelqu'un a pu contribuer à faire ainsi plonger dans le rouge les finances municipales, c'est pourtant le maire Boucher.

Serait-ce pourtant trop lui demander d'en venir un jour à assumer sa responsabilité, en commençant peut-être par admettre l'ampleur du problème qu'il a lui-même créé ?...