Peut-être le temps serait-il venu de mettre certaines choses au clair.
Premièrement, il semble que le maire ait raison lorsqu'il affirme que le taux d'endettement en tant que tel, soit l'endettement total divisé par ce qu'on appelle la « richesse foncière uniformisée », se compare à celui d'autres municipalités. En effet, il semble que celui-ci soit, en moyenne, d'environ 3-4 % pour l'ensemble des municipalités du Québec. Cette information peut être vérifiée à travers le rapport intitulé « La situation fiscale des municipalités québécoises », publié conjointement par l'Union des Municipalités du Québec et par le Conference Board of Canada, de sorte que sa crédibilité pourrait donc difficilement être remise en question. Mais comme il s'agit d'un document hautement technique, il pourrait s'avérer plus intéressant de consulter plutôt la présentation Powerpoint suivante, qui se trouve essentiellement à vulgariser certaines questions reliées à la dette municipale, et où le taux moyen de 3-4 % se voit également mentionné, ce que l'on peut donc considérer comme une confirmation supplémentaire de sa fiabilité.
Or, il se trouve qu'il semble y avoir deux mesures de base permettant de tenir compte de l'endettement des municipalités, soit le taux d'endettement en tant que tel, dont nous venons donc de parler, et l'endettement municipal per capita, qui représente donc l'endettement total divisé par le nombre de citoyens résidents, du moins tel qu'il se voit habituellement calculé... Or, à ce chapitre, disons que l'Anse-St-Jean est loin de faire aussi bonne figure.
Concernant l'endettement municipal per capita, on pourra maintenant consulter un article du Soleil publié dans Cyberpresse et ayant pour titre «Bulletin des villes: Québec et Montréal parmi les plus endettées ».
On apprend notamment que Montréal serait à ce chapitre l'une des plus endettées du Québec, comme on pouvait sans doute s'y attendre, et comme on peut d'ailleurs le visualiser de par le graphique suivant. Or, comble de surprise, il s'avérerait donc que l'endettement per capita de l'Anse-St-Jean, à 3188 $ par habitant (comme on peut d'ailleurs le vérifier sur le document suivant), serait présentement, croyez le ou non, pratiquement supérieur à celui de Montréal, qui s'élève en fait à 3180 $ par habitant. On peut donc comprendre que cette mesure permette vraisemblablement de classer l'Anse-St-Jean parmi les municipalités les plus endettées du Québec. On peut alors aussi comprendre l'acharnement que peut mettre le maire à tenter de nier un tel chiffre, quitte à recourir pour cela aux artifices mathématiques les plus élémentaires, comme on aura donc pu le constater lors de l'entrée précédente de ce blogue.
Ainsi, on se rend compte que ce qui pose problème, ce n'est pas nécessairement l'endettement du village en termes absolus : c'est plutôt le fait que ce dernier soit supporté par une si petite population, à comparer à ce que l'on peut observer ailleurs au Québec. Autrement dit, un tel niveau d'endettement supposerait normalement une population tout autrement plus grande, de sorte que le fait de le faire supporter entièrement une somme d'environ 3 millions de dollars par grosso modo un millier d'habitants seulement a pour effet de rendre notre village bien autrement plus endetté que la plupart des autres municipalités.
Alors si l'on récapitule, on se rend compte que l'Anse-St-Jean dispose de beaucoup d'actifs de valeur, comme on l'exprime d'ailleurs en utilisant le vocable de « richesse foncière uniformisée ». Une telle richesse lui permet donc de s'endetter beaucoup plus que ne le pourrait le faire d'autres municipalités moins bien pourvues en termes d'actifs. Cependant, la ou la municipalité se voit rattrapée par la réalité de son endettement, c'est du moment ou l'on commence à mesurer l'endettement total non pas en fonction de la richesse foncière, mais plutôt en fonction du nombre d'habitants en tant que tel. Et il ne faudrait quand même pas se leurrer : une municipalité pourra bien s'endetter tant qu'elle le voudra, il reste qu'un tel endettement ne se trouve-t-il pas à être supporté, en bout de ligne, par nuls autres que ses citoyens eux-mêmes ? Car après tout, à qui est-il donc demandé de payer les taxes, sinon à eux ? Et à qui, sinon à eux, sera-t-il donc demandé, en bout de ligne, de rembourser la dette municipale, en n'oubliant surtout pas de payer les intérêts ? Et si, autrement dit, chaque citoyen de l'Anse se trouve déjà à devoir payer pas moins de 3250 $ de dette municipale simplement pour habiter dans ce village, soit plus que dans presque toutes les autres municipalités du Québec, est-ce qu'on ne pourrait peut-être pas convenir que les finances municipales commencent à peser peut-être un peu lourdement sur les épaules des principaux intéressés ?
Mais surtout, pourrait-on au moins se « garder une petite gêne » lorsque l'on veut commencer à minimiser l'importance de l'endettement municipal à l'Anse-St-Jean, comme semble d'ailleurs le faire le maire Boucher ? Car cela ne revient-il pas à carrément rire au nez des contribuables, qui pourtant ont déjà à supporter plus que pratiquement n'importe ou ailleurs au Québec ?
Et si justement la première chose à faire serait donc de tout simplement reconnaître le problème, plutôt que le minimiser et donc le nier, alors la deuxième chose ne devrait-elle pas automatiquement s'avérer de faire tout ce que l'on peut pour faire face à ce dernier, et donc éviter, à tout le moins, que l'on voit le fardeau fiscal s'alourdir encore davantage sur les épaules des contribuables ?
Autrement dit, ne serait-il pas tout simplement temps de s'ouvrir les yeux et d'agir, plutôt que de chercher apparemment qu'à tout faire pour les garder fermés, et pour ensuite ne laisser le problème que s'aggraver encore et toujours davantage ?
Le choix à faire ne semble-t-il pourtant pas s'avérer assez simple, après tout ?...