Bien entendu, ce n’était pas que je doutais des dires de mon conseiller municipal, mais disons que j’ai tout simplement voulu vérifier par moi-même quelle était la situation de notre endettement. Je suis donc aller voir les chiffres officiels du Ministère des Affaires Municipales (ou MAMROT), qui semble d’ailleurs avoir prévu à cet effet une jolie petite page, à laquelle on peut en fait accéder en allant tout simplement à cet adresse : http://www.mamrot.gouv.qc.ca/finances-indicateurs-de-gestion-et-fiscalite/information-financiere/profil-financier-et-autres-publications/profil-financier/edition-2010/. Et comme on peut le voir sur cette page, il suffit d’y entrer le nom de la municipalité dont on veut obtenir des renseignements, pour justement obtenir ceux-ci à peu près instanément. N’est-ce pas beau de pouvoir ainsi constater la transparence dont peuvent faire preuve nos gouvernements, à des fois ?...
Pour commencer, je crois bien avoir saisi ce qu’a voulu dire Mr. Marcellin, lorsqu’il affirmait que notre taux d’endettement se situait autour de 3 %. En effet, si l’on va voir, dans le deuxième tableau portant sur les finances municipales en 2010, la sixième colonne illustrant le taux d’endettement tel que calculé d’une certaine façon qui est d’ailleurs décrite sur le document, on se trouve à obtenir un taux de 3,6 %. En calculant donc notre endettement d'une telle façon, il faut avouer que notre situation semble se comparer à celle que l’on peut observer à d’autres municipalités, telles que Petit-Saguenay. Or, toujours si l’on utilise la même méthode de calcul, il faudrait aussi avouer que l’on serait cependant pas mal plus endettés que bien des municipalités, telles que Rivière-Éternité, St-Félix d’Otis et Sacré-Coeur... Mais surtout, cela reviendrait à admettre que nous nous trouvons en fait à être aussi endettés qu’une ville comme... Montréal !...
Par ailleurs, une autre chose bien intéressante que semblent nous dire ces chiffres, ce serait que notre taux d’endettement viendrait donc de diminuer, si l’on considère qu’il se situe aujourd’hui à 3,6 % après s’être trouvé plutôt à 4,1 %. Ceci étant dit, il faut comprendre que la méthode de calcul pour obtenir ce pourcentage consiste à comparer la taille de la dette à celle de ce qu’on appelle la richesse foncière uniformisée (ou RFU), ou autrement dit, à la valeur de toutes les propriétés foncières de la muncipalité, si j'ai bien compris. Or, il se trouve que cette valeur a augmenté de 2009 à 2010, sans doute parce que de nouvelles maisons auraient été construites, et/ou parce que de nouveaux payeurs de taxes se seraient rajoutés. Cela a naturellement pour effet de diminuer l’importance de la dette, puisqu’on la compare à une plus grande richesse globale. Mais pourtant, si l’on considère la taille de notre dette en tant que telle, on constate que celle-ci, de 2009 à 2010, n’a pas diminué, mais a plutôt AUGMENTÉ, en passant en fait de 2 375 882 $ à 2 897 425 $. Voici donc un nouvel exemple d’un chiffre qui, s’il peut s’avérer commode à présenter, ne s’en trouve pas moins à camoufler une réalité quelque peu moins gracieuse...
Et si l’on voulait mette une cerise sur le sundae, il ne suffirait qu’à regarder d’un peu plus près notre cher endettement, justement... En effet, si l’on regarde la dernière colonne du tableau, qui mesure l’endettement total per capita, ou autrement dit la portion de la dette qui reviendrait à chaque citoyen de l’Anse, on peut constater à quel point l’endettement de l’Anse peut être plus élevé qu’ailleurs, puisque celui-ci serait donc fois 1,67 fois plus grand que celui de Ville Saguenay, 2,57 fois plus grand que celui de Petit-Saguenay, et autour de 8,67 fois plus grand que celui de St-Félix d’Otis ou de Rivière-Éternité !... Et encore une fois, la seule municipalité à laquelle notre situation semble pouvoir se comparer, à ce chapitre, serait donc nulle autre que... Montréal !...
Par ailleurs, il est également intéressant, du moins selon moi, de voir qu’un tel constat semble tout aussi bien s’appliquer à une autre mesure, celle dite des «dépenses de fonctionnement», ou autrement dit de ce qu’il en peut en coûter, aux contribuables, bien entendu, de faire fonctionner tout l’appareil municipal... Si l’on considère les données de 2009 concernant de telles dépenses, on peut en effet observer qu’encore une fois, il est plutôt spectaculaire de constater à quel point il semble être plus cher de vivre à l’Anse que de vivre ailleurs, et ne serait-ce que de vivre ailleurs au Bas Saguenay... En effet, il semblerait que faire «rouler» une municipalité coûterait donc plus de deux fois plus cher à l’Anse qu’à St-Félix d’Otis ou à Sacré-Coeur !...
Il est à noter que l’on ne semble pas disposer de telles données dans les documents fournis par le MAMROT pour l’année 2010 ; or, si un fait ressort concernant les deux dernières mesures étudiées, et ne serait-ce que pour l’année 2009, c’est que l’endettement s’avère plus grand à l’Anse qu’ailleurs, voire même beaucoup plus grand, du moins si l'on considère plus spécifiquement l'endettement per capita. Et comme on peut le voir en consultant le tableau, cette situation ne semble manifestement pas avoir beaucoup évolué de 2009 à 2010, alors que l’endettement total se trouve en fait à avoir augmenté. Il semble donc y avoir là toutes les raisons de croire qu’il ne devrait pas nécessairement en être différemment en ce qui concerne les dépenses municipales en tant que telles.
Et pour conclure cette petite exposé sur l’état de l’endettement de l’Anse-St-Jean,
on s’entendra surement pour dire qu’il n’est pas encore aussi difficile de vivre à l’Anse qu’en Grèce ou au Zimbabwe... Mais de là à prétendre que tout va très bien madame la marquise, ou même que notre situation serait supposément plus enviable que celle qu’on peut retrouver ailleurs, et ne serait-ce qu’aux alentours, disons qu’il y a quand même un pas... Un pas qui semble assez vite franchi par le conseil municipal, pourtant...