21/10/2011

« Ça vaut ce que ça vaut »

On est évidemment en droit de se questionner, au départ, sur la crédibilité scientifique d'un sondage effectué par une administration municipale plutôt que, disons, une firme de sondage reconnue, surtout dans la mesure où, comme on a pu le voir lors de l'entrée précédente de ce blogue, cette administration semble étrangement refuser de rendre publique tout document qui pourrait pourtant permettre de justement conférer à un tel sondage ne serait-ce qu'un minimum de crédibilité.

Pour reprendre les mots d'un représentant du Ministère des Affaires Municipales à l'endroit de toute forme de sondage de ce type, il faut croire que « ça vaut ce que ça vaut ». En d'autres termes, et toujours en citant le même représentant, s'il est évident qu'un sondage peut s'avérer un outil intéressant pour une administration municipale, dans la mesure où cela lui permet notamment de « prendre le pouls » de la population, il semble tout aussi clair que la portée d'un tel outil s'avère passablement limitée, puisque pour être plus précis, celui-ci se trouve en fait à n'avoir pratiquement « aucune valeur scientifique ».

D'ailleurs, il y a au moins une raison pour laquelle tout sondage municipal semble s'avérer particulièrement insignifiant, soit le fait que dans le sondeur et l'objet du sondage se trouvent en bout de ligne à correspondre à une seule et même personne. Comme conflit d'intérêt, avouons qu'il serait sans doute difficile de trouver plus criant.

De plus, cela est rendu encore plus frappant dans le cas présent, de par le fait que le principal intéressé par le sujet du sondage dont il est ici question, qui ne fait donc qu'un avec le sondeur, ne pourrait sans doute se sentir en fait plus concerné par les résultats d'un tel sondage, puisque ceux-ci se trouvent à représenter rien de moins qu'un verdict populaire à son endroit, ce qui, dans le cas d'un politicien, peut donc revenir à ni plus ni moins qu'un constat d'échec, ou bien sûr de réussite.

Et bien sûr, comme s'il n'était pas déjà assez louche qu'un tel exercice semble, comme on pouvait donc s'y attendre, ne pouvoir se conclure que par un triomphe sans appel du politicien qui en est l'auteur, il se trouve que ce dernier, comme par magie, refuse systématiquement de rendre public qui permettraient justement de confirmer un tel triomphe.

Enfin, s'il restait encore à toute cette mise en scène une quelconque bribe de crédibilité, celle-ci devrait sans doute être rendue pratiquement inexistante par le questionnement suivant : « quel citoyen irait donc avouer ouvertement son désaccord avec la conduite d'un maire, à plus forte raison du moment ou la question se trouve à lui être posée par nul autre que le maire en personne, et risquer ainsi de passer ouvertement par un « contestataire » aux yeux de ce dernier, avec toutes les conséquences que cela peut impliquer ? »...

Et la question ne se pose-t-elle pas de façon d'autant plus pertinente du moment où l'on parle d'un petit village où l'on peut pratiquement considérer que toute le monde se connaît, et que la vaste majorité des citoyens se trouve, d'une façon ou d'une autre, à être relié de près ou de loin au maire, voire de dépendre plus ou moins directement de ce dernier ?

Et quand on connaît la façon dont le maire Boucher traite, ou du moins considère ceux sur lesquels a lui-même pris l'habitude de poser l'étiquette de « contestataires », peut-on vraiment faire autrement que de comprendre tout citoyen qui aurait mieux à faire que de prendre le risque de se retrouver sur le chemin de quelqu'un qui, pour reprendre une expression utilisée précédemment dans son blogue, aura carrément réussi à instaurer rien de moins qu'un « climat de terreur » à l'Anse-St-Jean ?

Mais surtout, quand on considère un tel amas de conditions qui ne peuvent qu'en venir à fausser les données qui auront été ainsi recueillies, et quand on considère que le sondage dont se vante le maire sera pratiquement parvenu à commettre toutes les erreurs, pour ne pas dire toutes les entourloupes qui peuvent justement faire en sorte de biaiser les résultats d'un tel exercice, et donc à faire pratiquement tout ce qu'une firme de sondages digne de ce nom se ferait justement un devoir d'éviter en premier lieu, comment peut-on donc réagir autrement, à la réception de ces résultats qu'on aura trouvé le moyen de nous transmettre sans rire, que de balancer ces derniers à la poubelle ?

« Ça vaut ce que ça vaut », pour reprendre une dernière fois les termes de ce cher représentant du MAMROT. Cependant, s'il nous fallait justement évaluer ce que vaut exactement le sondage du maire sur sa propre popularité, il semble que l'on aurait d'autre choix que de conclure, à la lumière de cette courte réflexion, que ça ne vaut, pour le moins qu'on puisse dire, pas grand chose.


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