S'il est un refrain que l'on entend
réciter de plus en plus souvent, et de plus en plus fort à
l'Anse-Saint-Jean, c'est bien le suivant : « les taxes sont trop
chères ! »... Il faut avouer que du moment où l'on
considère que l'on paye plus cher, et parfois même presque deux
fois plus cher de taxes à l'Anse-Saint-Jean « qu'en ville »,
notamment si l'on se compare à une ville qui, comme Chicoutimi,
s'avère pourtant plusieurs fois plus grande, et ce tant en
superficie qu'en population, il y a quand même lieu de se dire qu'il
doit bien y avoir un problème à quelque part...
Et quand, en plus de cela, on prend en
compte le peu de services dont bénéficient plusieurs résidents de
l'Anse-Saint-Jean, qui souvent n'ont droit qu'une semaine sur deux à
la collecte des déchets, quand ils y ont droit tout court, tandis
que plusieurs d'entre eux n'ont ne bénéficient ni d'un accès à
l'eau ni de la jonction à un système d'égout, pendant que d'autres
demeurent dans des rues bien habitées mais presque pas éclairées,
sans parler du peu d'attention qui, de façon générale, semble mis
sur l'entretien et le déblayage des chemins et de la chaussée, il y a peut-être
même lieu de se demander s'il n'y a pas quelqu'un, ou en fait
plusieurs citoyens qui seraient carrément en train de se faire
niaiser....
D'ailleurs, la farce se révélerait
d'une manière encore plus manifeste dans le cas de certains
résidents, notamment au Mont-Édouard et à Périgny, dont le taux
de taxation semble avoir été calculé de façon à s'avérer
inversement proportionnel à la quantité et à la qualité des
services qui peuvent leur être prodigués !
Ainsi, on pourrait facilement en venir
à croire qu'il doit bien y en avoir un, ou quelques un, à la
municipalité, qui soient en train de « rire dans leur barbe »
en songeant au « bon coup » qu'ils se trouvent à jouer à
leurs concitoyens...
Le seul problème, c'est que tous ne
trouvent plus la blague aussi drôle, tandis que certains commencent
à ne plus rire du tout...
En fait, certains se sont même déjà
mis à « voter avec leurs pieds », et l'on ne compte
ainsi plus les histoires de maisons vendues ou mises en vente pour
des questions de taxation, tout comme les histoires de gens qui ne
demandaient qu'à venir s'installer à l'Anse-Saint-Jean, et qui
s'étaient même rendues assez loin dans leur démarche à cet effet,
pour ensuite tout arrêter et rebrousser chemin aussitôt qu'ils ont
su à combien pouvaient s'élever les taxes dans ce petit village qui
jusque là semblait pourtant si parfait à tous les égards...
Se pourrait-il donc que cela puisse au
moins contribuer à expliquer le fait que la vente de terrain aux
Mont-Édouard, tout comme développement économique du village dans
son ensemble, paraît avoir récemment atteint une sorte de plateau,
ou en d'autres termes s'être mis à « staller »,
sinon à pratiquement décliner ?
Et quand on considère le fait qu'il
devient même de plus en plus fréquent d'entendre ronchonner les
« authentiques gens du village », toujours en ce
qui a trait aux taxes municipales, ne pourrait-on pas commencer à se
dire que la problème serait peut-être même plus sérieux qu'on
semble l'avoir cru jusqu'ici, du moins à la municipalité ?
Et après tout, comment pourrait-on
donc blâmer les villageois de se poser des questions, quand ceux-ci
réalisent que le montant de taxation, lors des trente dernières
années, aura pratiquement quintuplé, et ce même pour des maisons
de taille modeste, toutes payées, et situées en plein cœur du
village ?
D'un autre côté, il est peut-être
tout aussi aisé de comprendre le maire Boucher : ce « pauvre
petit », il se trouve à avoir non seulement dépensé déjà
tout l'argent qui avait pu être mis de côté par les maires et
mairesses précédents, mais à avoir gaspillé aussi tout l'argent
que la municipalité pouvait possiblement emprunter, du moins
jusqu'ici... Alors quelle autre option lui restait-il donc, après
avoir aussi vaillamment dilapidé le bien public, que de demander aux
citoyens de payer la note, et donc de porter sur eux-mêmes le
fardeau de la gigantesque dette qu'il aura réussi à créer à lui
tout seul, et ce en seulement quelques années ?
Autrement dit, après avoir dépensé
tout ce qu'il pouvait y avoir dans le « coffre fort »
public, quelle option pouvait-il donc rester à Boucher pour en
puiser encore davantage, ne serait-ce que pour payer les intérêts
de la dette qu'il a généré, si ce n'est d'aller chercher ce
« petit extra » directement dans les poches des
contribuables ?
Habile stratégie, pourrait-on être
porté à conclure, n'est-ce pas ?
Sans doute... Si l'on est capable de ne
considérer que le très court terme, et donc de tout simplement
faire abstraction du long ou même du moyen terme, évidemment !
Car à quoi bon retirer toujours
davantage des chaumières du village, si le nombre de celles-ci se
met à augmenter moins rapidement, sinon à pratiquement stagner, de
sorte que chaque citoyen se retrouve à devoir porter une portion de
dette toujours plus grande sur ses propres épaules ? Et que dire du
fait que, si de plus en plus de citoyens, à force d'en avoir assez,
décident de prendre leurs cliques et leur claques, ce processus se
verra encore renforcé, de sorte que l'on se retrouvera ainsi empêtré
dans rien de moins qu'un cercle vicieux de dépeuplement ?
Serions-nous alors vraiment plus avancés ?
Nous savons tous que les intentions du
maire Boucher, au départ, étaient saines, et que son calcul n'était
pas sans fondement : il s'agissait, en gros, de tout faire pour
inciter un maximum de nouveaux résidents à venir s'installer à
l'Anse-Saint-Jean, ne serait-ce que pour augmenter ainsi le nombre de
payeurs de taxe... À cette fin, le maire aura surtout veillé à
« développer le village », en se lançant notamment dans
une multitude de projets visant à donner l'impression « qu'il
se passe quelque chose ici », ou même que « c'est ici
que ça se passe », en se disant, non sans raison, que c'est
encore la meilleure façon de faire venir du monde...
Mais si, à force de justement
s'investir, et d'investir notre argent dans des aventures aussi
nombreuses que coûteuses, le maire avait surtout réussi finalement
à endetter le village à un point tel qu'il n'a ensuite pas eu le
choix de faire monter le coût des taxes à un niveau prohibitif, de
telle sorte que l'on en vienne ainsi à faire fuir au moins autant de
gens, sinon plus qu'on peut en faire venir, ne faudrait-il pas alors
en conclure qu'il aurait pratiquement réussi à tuer la poule aux
oeufs d'or ?
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