31/03/2013

Comment tuer la poule aux œufs d'or

S'il est un refrain que l'on entend réciter de plus en plus souvent, et de plus en plus fort à l'Anse-Saint-Jean, c'est bien le suivant : « les taxes sont trop chères ! »... Il faut avouer que du moment où l'on considère que l'on paye plus cher, et parfois même presque deux fois plus cher de taxes à l'Anse-Saint-Jean « qu'en ville », notamment si l'on se compare à une ville qui, comme Chicoutimi, s'avère pourtant plusieurs fois plus grande, et ce tant en superficie qu'en population, il y a quand même lieu de se dire qu'il doit bien y avoir un problème à quelque part...

Et quand, en plus de cela, on prend en compte le peu de services dont bénéficient plusieurs résidents de l'Anse-Saint-Jean, qui souvent n'ont droit qu'une semaine sur deux à la collecte des déchets, quand ils y ont droit tout court, tandis que plusieurs d'entre eux n'ont ne bénéficient ni d'un accès à l'eau ni de la jonction à un système d'égout, pendant que d'autres demeurent dans des rues bien habitées mais presque pas éclairées, sans parler du peu d'attention qui, de façon générale, semble mis sur l'entretien et le déblayage des chemins et de la chaussée, il y a peut-être même lieu de se demander s'il n'y a pas quelqu'un, ou en fait plusieurs citoyens qui seraient carrément en train de se faire niaiser....

D'ailleurs, la farce se révélerait d'une manière encore plus manifeste dans le cas de certains résidents, notamment au Mont-Édouard et à Périgny, dont le taux de taxation semble avoir été calculé de façon à s'avérer inversement proportionnel à la quantité et à la qualité des services qui peuvent leur être prodigués !

Ainsi, on pourrait facilement en venir à croire qu'il doit bien y en avoir un, ou quelques un, à la municipalité, qui soient en train de « rire dans leur barbe » en songeant au « bon coup » qu'ils se trouvent à jouer à leurs concitoyens...

Le seul problème, c'est que tous ne trouvent plus la blague aussi drôle, tandis que certains commencent à ne plus rire du tout...

En fait, certains se sont même déjà mis à « voter avec leurs pieds », et l'on ne compte ainsi plus les histoires de maisons vendues ou mises en vente pour des questions de taxation, tout comme les histoires de gens qui ne demandaient qu'à venir s'installer à l'Anse-Saint-Jean, et qui s'étaient même rendues assez loin dans leur démarche à cet effet, pour ensuite tout arrêter et rebrousser chemin aussitôt qu'ils ont su à combien pouvaient s'élever les taxes dans ce petit village qui jusque là semblait pourtant si parfait à tous les égards...

Se pourrait-il donc que cela puisse au moins contribuer à expliquer le fait que la vente de terrain aux Mont-Édouard, tout comme développement économique du village dans son ensemble, paraît avoir récemment atteint une sorte de plateau, ou en d'autres termes s'être mis à « staller », sinon à pratiquement décliner ?

Et quand on considère le fait qu'il devient même de plus en plus fréquent d'entendre ronchonner les « authentiques gens du village », toujours en ce qui a trait aux taxes municipales, ne pourrait-on pas commencer à se dire que la problème serait peut-être même plus sérieux qu'on semble l'avoir cru jusqu'ici, du moins à la municipalité ?

Et après tout, comment pourrait-on donc blâmer les villageois de se poser des questions, quand ceux-ci réalisent que le montant de taxation, lors des trente dernières années, aura pratiquement quintuplé, et ce même pour des maisons de taille modeste, toutes payées, et situées en plein cœur du village ?

D'un autre côté, il est peut-être tout aussi aisé de comprendre le maire Boucher : ce « pauvre petit », il se trouve à avoir non seulement dépensé déjà tout l'argent qui avait pu être mis de côté par les maires et mairesses précédents, mais à avoir gaspillé aussi tout l'argent que la municipalité pouvait possiblement emprunter, du moins jusqu'ici... Alors quelle autre option lui restait-il donc, après avoir aussi vaillamment dilapidé le bien public, que de demander aux citoyens de payer la note, et donc de porter sur eux-mêmes le fardeau de la gigantesque dette qu'il aura réussi à créer à lui tout seul, et ce en seulement quelques années ?

Autrement dit, après avoir dépensé tout ce qu'il pouvait y avoir dans le « coffre fort » public, quelle option pouvait-il donc rester à Boucher pour en puiser encore davantage, ne serait-ce que pour payer les intérêts de la dette qu'il a généré, si ce n'est d'aller chercher ce « petit extra » directement dans les poches des contribuables ?

Habile stratégie, pourrait-on être porté à conclure, n'est-ce pas ?

Sans doute... Si l'on est capable de ne considérer que le très court terme, et donc de tout simplement faire abstraction du long ou même du moyen terme, évidemment !

Car à quoi bon retirer toujours davantage des chaumières du village, si le nombre de celles-ci se met à augmenter moins rapidement, sinon à pratiquement stagner, de sorte que chaque citoyen se retrouve à devoir porter une portion de dette toujours plus grande sur ses propres épaules ? Et que dire du fait que, si de plus en plus de citoyens, à force d'en avoir assez, décident de prendre leurs cliques et leur claques, ce processus se verra encore renforcé, de sorte que l'on se retrouvera ainsi empêtré dans rien de moins qu'un cercle vicieux de dépeuplement ? Serions-nous alors vraiment plus avancés ?

Nous savons tous que les intentions du maire Boucher, au départ, étaient saines, et que son calcul n'était pas sans fondement : il s'agissait, en gros, de tout faire pour inciter un maximum de nouveaux résidents à venir s'installer à l'Anse-Saint-Jean, ne serait-ce que pour augmenter ainsi le nombre de payeurs de taxe... À cette fin, le maire aura surtout veillé à « développer le village », en se lançant notamment dans une multitude de projets visant à donner l'impression « qu'il se passe quelque chose ici », ou même que « c'est ici que ça se passe », en se disant, non sans raison, que c'est encore la meilleure façon de faire venir du monde...

Mais si, à force de justement s'investir, et d'investir notre argent dans des aventures aussi nombreuses que coûteuses, le maire avait surtout réussi finalement à endetter le village à un point tel qu'il n'a ensuite pas eu le choix de faire monter le coût des taxes à un niveau prohibitif, de telle sorte que l'on en vienne ainsi à faire fuir au moins autant de gens, sinon plus qu'on peut en faire venir, ne faudrait-il pas alors en conclure qu'il aurait pratiquement réussi à tuer la poule aux oeufs d'or ?

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