Lors d'un précédent article, la question fut lancée quant à ce qui mériterait d'être considéré comme le meilleur modèle administratif pour le Mont-Édouard.
Or, suite à la démarche de recherche et d'analyse qui a pu se voir rapportée à travers l'article précédent, il semblerait que la réponse à cette question s'impose pratiquement d'elle-même.
Ainsi, ou en autant que nous sommes concernés, le grand gagnant s'avère incontestablement le modèle coopératif. Il apparaît en tout cas difficile de nier qu'il s'agit de la formule qui de loin aura le mieux fait ses preuves, et ce à tous les niveaux, comme il suffit d'ailleurs de relire l'entrée précédente pour se le rappeler.
D'ailleurs, force est de constater que la formule semble s'avérer toujours aussi pertinente, comme le suggère le fait c'est toujours selon ce modèle que fonctionnent nos deux principaux « concurrents », soit le Valinouët et le Mont-Lac-Vert, et que c'est donc à ce modèle que l'on peut attribuer, ne serait-ce qu'en partie, la relative prospérité de ces deux stations, du moins en comparaison à la situation plutôt pitoyable que l'on peut observer chez nous.
Et en fait, autant le modèle coopératif paraît donc avoir prouvé sa valeur pour ce qui est de favoriser la saine gestion d'un centre de ski, ne pourrait-on pas pratiquement faire le constat inverse pour ce qui est d'un autre modèle, soit celui de l'acquisition et de la gestion d'un tel centre par une municipalité ?
Car si l'on voulait prouver une telle affirmation, pourrait-on seulement en trouver un meilleur exemple que la tentative et l'échec à ce niveau de l'administration Boucher ?
En effet, et comme cela a notamment pu se voir démontré encore une fois lors de l'article précédent, l'expérience anjeannoise en ce sens ne se trouve-t-elle pas à constituer en fait un exemple plutôt extrême du gaspillage qui peut se voir engendré lorsque l'on donne la possibilité à une entreprise aussi précaire qu'un centre de ski de se contenter, pour se prémunir de sa propre précarité, de siphonner autant d'argent public qu'il peut en vouloir ?
De plus, le gaspillage en tant que tel ne représente-t-il pas qu'un seul des problèmes qu'une telle situation peut impliquer ? Car parmi d'autres problèmes pouvant s'avérer tout aussi néfastes à ce niveau, ne peut-on pas compter, en premier lieu, les interminables tergiversations pouvant se voir entraînées par le fait qu'un enjeu aussi sensible que le Mont-Édouard pour l'Anse-Saint-Jean devienne soudainement une préoccupation directe des citoyens, dans la mesure où ce dernier se trouve alors à devenir rien de moins que leur propriété ?
Et surtout, pourrait-on seulement concevoir au départ une meilleure façon de conduire au désastre une entreprise, quelle qu'elle soit, qu'en la laissant entre les mains de politiciens, dans la mesure où l'intérêt premier de ces derniers, par définition, réside non pas dans la saine gestion du bien public, mais plutôt dans l'entretien de leur base électorale, de sorte qu'ils peuvent tout aussi bien en venir à conclure qu'il vaut mieux pour eux de se donner l'air de tout savoir et d'être en contrôle de la situation, même si cela s'avère en fait le contraire de la réalité, du moment où, en sauvant ainsi les apparences, ils peuvent aussi espérer chercher quelques votes de plus, ou du moins conserver ceux qu'ils ont déjà ?
Or, cela devrait-il revenir à dire qu'aucune place ne devrait être laissée à une municipalité pour ce qui est de contribuer au développement, ou du moins à la survie d'un centre de ski ?
Là encore, ce n'est pourtant pas ce que l'expérience semble démontrer, bien au contraire...
Car autant il peut apparemment devenir catastrophique qu'une municipalité s'accapare le contrôle total d'un centre de ski (comme sans doute de quelque forme d'entreprise que ce soit...), ne paraîtrait-il pas tout aussi hasardeux et surtout irresponsable d'abandonner à son sort une telle entreprise, surtout quand on sait que sa contribution au développement économique local peut se montrer aussi importante que sa propre situation financière peut pourtant s'avérer délicate ?
Ainsi, dans ce dossier comme sans doute en toute chose, la véritable question ne devrait-elle pas surtout être de chercher à trouver quelque chose comme un juste milieu ?
Et n'est-ce pas d'ailleurs ce que semblent avoir réussi à faire la plupart des municipalités hébergeant une station qui fonctionne réellement bien, et qui auront donc veillé à assurer à celle-ci une certaine forme de soutien public, sans pour autant se lancer dans des projets mégalomaniaques, et surtout dépassés comme l'achat d'une telle station en totalité, et ce à même l'argent public ?
Ainsi, les municipalités de Falardeau et d'Hébertville, n'ont-elles pas tout simplement veillé à acquérir une certaine partie des actifs de leurs centres de ski respectifs, pour reprendre encore une fois l'exemple de voisins dont la posture paraît assurément moins instable que la nôtre ?
Et si l'on reconsidère une fois de plus notre propre passé, et plus précisément une ère que l'on pourrait pratiquement qualifier « d'époque glorieuse », soit bien sûr celle où le Mont-Édouard était alors géré par une coopérative de travailleurs, ne faut-il pas avouer que, parmi les ingrédients de base qui ont justement pu permettre le succès de notre montagne lors d'une telle époque, il y avait surtout le fait que les remontées mécaniques appartenaient déjà à la municipalité, de sorte que la Coop n'avait pas à supporter elle-même le poids d'un actif si imposant, et pouvait donc se concentrer d'autant mieux sur l'essentiel, soit sur la gestion de la station en tant que telle ?
Par ailleurs, qui a jamais dit que la participation d'une municipalité au développement d'une montagne de ski devait strictement se limiter à l'achat par l'une de certains actifs de cette dernière ?
Car s'il est une chose qu'il faille tout de même créditer à l'administration Boucher, n'est-ce pas d'avoir su soutenir à peu près tous les projets de développement dont la station a pu bénéficier lors des dernières années (ou du moins à partir du moment où il s'est lui-même retrouvé à la tête de cette dernière...), en allant même jusqu'à personnellement prendre en charge, et ce d'ailleurs avec succès, la démarche d'obtenir les diverses subventions nécessaires à la concrétisation de tels projets ?
Alors y a-t-il donc quoi que ce soit qui devrait donc empêcher une municipalité de « backer » tout projet potentiellement constructif pouvant bénéficier sa station de ski ?
Car après tout, ne serait-il pas carrément auto-destructeur pour une municipalité de s'empêcher elle-même d'investir dans son propre développement ?
Ainsi, et comme pour toute chose, la question est-elle vraiment de savoir si cela devrait se faire ou non, ou plutôt de tout simplement veiller à ce que cela soit fait de la bonne façon ?
Et s''il est une priorité à établir à ce niveau, cela ne devrait-il pas surtout être de voir à ce qu'un tel soutien municipal se fasse dans les règles de l'art, et donc de recourir autant que possible aux procédures officielles pour l'octroi de subventions, plutôt qu'aux marges de crédit, et surtout plutôt que de carrément piger directement dans la cagnotte des contribuables ?
Et au départ, l'essentiel ne serait-il pas de s'assurer que les projets retenus en vaillent vraiment la peine, et soient donc susceptible de réellement bénéficier à un quelconque développement économique, et notamment d'une façon plus concrète qu'en se contentant de poser une tour au sommet d'une montagne, sans que cela semble pourtant avoir de rapport avec quoi que ce soit ?
Et en ce sens, comment la pertinence d'un projet pour la montagne pourrait-elle donc se voir plus assurément garantie que dans la mesure où l'idée même d'un tel projet se trouverait à provenir des gestionnaires de cette dernière, et donc de ceux qui, par définition, seraient les mieux placés pour savoir de quoi ils ont besoin ?
Car au même titre que l'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, qui d'autre que soi pourrait possiblement être mieux placé pour déterminer ce dont on a soi-même besoin ?
Ainsi, pourquoi la municipalité ne se contenterait tout simplement d'utiliser les pouvoirs qui sont les siens pour soutenir sa station de ski, et notamment tout projet de développement pouvant être proposé par ses gestionnaires, à condition bien sûr que la municipalité en ait les moyens, et qu'un tel projet se voit ultimement approuvé par les gestionnaires de la municipalité elles-même ?
Car si l'on peut sans doute assumer que les récents investissements au Mont-Édouard furent essentiellement rendus possible de par le fait que la montagne était devenue propriété de la municipalité, cette dernière ne pourrait-elle pas tout aussi bien arriver au même résultat, en acceptant tout simplement d'endosser les prêts relatifs aux investissements qu'elle souhaiterait faciliter, voire en participant elle-même à leur financement, ne serait-ce qu'en entreprenant ses propres demandes de financement en ce sens ?
Maintenant, pourquoi ne pas revenir quelque peu sur le but ultime de ce petit « concours » visant à établir le modèle de gestion idéal pour le Mont-Édouard, tel qu'énoncé dans l'avant-dernier article de ce blogue, soit de déterminer s'il ne serait pas surtout possible d'aller chercher « le meilleur des trois mondes », ou en d'autres termes des trois modèles possibles à ce niveau, en l'occurence le coopératif, le municipal et le privé ?
Or, comme la concoction d'un tel « cocktail » supposerait au départ la présence d'ingrédients appartenant à chacun de ces trois modèles, et comme on devrait donc surtout viser vers une sorte d'équilibre entre ceux-ci, ne devrait-on pas alors chercher à voir s'il n'y aurait pas moyen d'y incorporer les meilleurs aspects de l'entreprise privée, au même titre que l'on a pu, comme on vient donc de le faire, veillé à retenir les contributions les plus bénéfiques d'une intervention municipale ?
Or, si à la base le modèle coopératif semble parfaitement se prêter à l'administration d'un centre de ski, et que l'on pourrait apparemment dire l'inverse d'une gestion télécommandée par une municipalité, ne faut-il pas avouer que le modèle de l'entreprise privé paraît, en lui-même, tout aussi peu approprié dans une telle situation ?
Car pour se dire les choses franchement, une bonne fois pour toutes, peut-on vraiment concevoir qu'un entrepreneur ayant tous ses sens puisse possiblement en venir à considérer l'achat d'un actif aussi peu prometteur qu'un centre de ski, surtout s'il se trouve à être en aussi mauvaise posture financière que le nôtre ?
Et s'il est quoi que ce soit dans un centre de ski qui puisse jamais intéresser le secteur privé, ne serait-ce pas surtout de démonter les remontées mécaniques pour ensuite les relocaliser à un endroit où elles auraient déjà ne serait-ce qu'un peu plus de chances de se voir rentabilisées ?
D'ailleurs, n'est-ce pas justement pour pallier à une telle éventualité que la municipalité de l'Anse-St-Jean avait au départ pris soin d'acheter elle-même les remontées du Mont-Édouard, et d'ainsi assurer la continuité de ses activités, quelle que soit l'équipe qui se trouve à le gérer ?
Ainsi, ne s'avèrerait-il pas guère plus avisé de chercher à faire de notre station une entreprise privée en bonne et due forme, que de s'aventurer à réduire celle-ci au statut de vulgaire organisme municipal, comme aura malheureusement réussi à le faire Claude Boucher ?
Alors ne devrait-on pas surtout voir quels aspects du secteur privé pourraient donc se voir incorporés à « l'ultime modèle » de gestion, qui à la base serait donc essentiellement coopératif, bien que pouvant également faire intervenir certains aspects de gestion municipale, comme on vient donc de l'envisager ?
Et en fait, s'il est une raison pour lequel le modèle de l'entreprise privée peut au départ être envié, n'est-ce pas essentiellement pour la liberté dont peuvent en principe jouir les administrateurs de celle-ci, pour ce qui est, d'une part, de procéder à des investissements significatifs devant se voir compensés par un éventuel retour sur un tel investissement, et, d'autre part, pour ce qui est de tout simplement gérer leur entreprise comme bon leur semble ?
Or, en ce qui concerne le premier type de liberté qui vient d'être mentionné, soit celle de pouvoir lancer ses propres projets de développement, ne vient-on pas justement de voir qu'un tel pouvoir pourrait tout aussi bien se voir conféré à une coopérative, à condition bien entendu que celle-ci puisse bénéficier d'un niveau approprié de soutien public, notamment municipal ?
Et en ce qui concerne le deuxième type de liberté, ou en d'autres termes la liberté proprement dit, est-ce qu'une coopérative en bonne et due forme ne devrait pas se retrouver au moins en aussi bonne position qu'une entreprise privée à ce niveau ? Car au départ, une véritable coopérative de travailleurs n'est-elle pas sensée se voir dotée d'un conseil d'administration qui ne serait constitué que de membres de cette dernière, comme c'était justement le cas du temps de la Coop ?
D'ailleurs, une telle uniformité ne devrait-t-elle pas conférer à une coopérative d'autant plus de liberté d'action, dans la mesure où il ne peut que s'avérer tout autrement plus facile de s'entendre sur la marche à suivre lorsque l'on se trouve au départ à être à peu près tous sur la même longueur d'ondes ?
Ainsi, comment l'esprit d'équipe inhérent à la formule coopérative pourrait-il faire autrement que de faciliter le travail de la direction, et notamment du directeur général en tant que tel, en rendant plus probable le fait que ce dernier puisse réellement bénéficier de la confiance du C.A., et puisse donc se voir réellement libre de prendre en charge l'ensemble des opérations de l'entreprise ?
En d'autres termes, la formule coopérative ne semble-t-elle pas naturellement propice à éviter ce qui représente peut-être le point de départ d'une mauvaise gestion d'entreprise, comme l'arrivée de Claude Boucher a bien sûr permis de le constater, soit de voir le conseil d'administration commencer à se mêler de l'opération en tant que tel, ou en d'autres termes, de « faire de l'ingérence », ce qui semble malheureusement représenter la ligne de conduite du maire Boucher ?
Et si le Mont-Édouard redevenait donc tout simplement une coopérative de travailleurs, ne pourrait-on pas alors s'attendre à voir le C.A. de ce dernier revenir au rôle plus limité qui était donc le sien du temps de la Coop, et qui sans doute devrait toujours être le sien, et se contenter ainsi de déterminer les orientations générales de l'entreprise et notamment les prix de ses produits, prendre les décisions relatives aux plus gros investissements, et veiller à la stabilité des finances en prenant en compte les états financiers présentés à chaque mois ?
Autrement dit, pourquoi ne pas tout simplement refaire du Mont-Édouard une coopérative de travailleurs, en gardant surtout en tête qu'une telle formule, notamment dans la mesure où elle peut se voir renforcée par un soutien minimal des autorités municipales, sembleraient alors avoir toutes les caractéristiques de ce qu'on pourrait pratiquement désigner comme « l'ultime modèle de gestion » pour une station de ski, et même de faire ainsi ressortir les meilleurs aspects d'un autre modèle souvent considéré pourtant comme le plus efficace, soit celui de l'entreprise privée ?
Et ceci dit, est-ce à dire qu'il n'y aurait pour cela aucune modification à apporter à un tel modèle coopératif, ou du moins à la forme qu'a pu justement prendre ce dernier au Mont-Édouard, de 1996 à 2006 ? Une telle façon de penser reviendrait bien sûr à contrevenir à la loi de l'évolution, qui par définition se doit d'être continuelle... Et pour ne considérer que le point le plus évident, ne pourrait-on pas, si l'expérience devait donc se voir renouvelée, commencer par s'assurer que la coopérative qui serait alors créée s'avère justement une coopérative de travailleurs en bonne et due forme, et que l'on demande donc à tous ceux que ceux qui travaillent à temps plein de payer leurs cotisation et deviennent ainsi des membres à part entière, ce qui aurait tout au moins pour effet d'encourager le développement d'une certaine relève...
D'autres avenues pourraient par ailleurs se voir explorées : par exemple, la formule retenue devrait-elle en fait être plutôt celle d'une coopérative de solidarité, de manière à faire en sorte que le cercle des membres s'étende aux autres acteurs du milieu ainsi qu'aux utilisateurs eux-mêmes, au lieu de ne restreindre qu'aux travailleurs en tant que tels ? En fait, cela ne paraît-il pas s'avérer l'évidence même ? Cela ne permettrait-il pas, tout au moins, d'accroitre le nombre de ceux qui contribuent aux financement de la montagne, ainsi que le degré d'enracinement de la coopérative dans son milieu (ce qui la rendrait d'ailleurs d'autant plus résistante à toute tentative d'assassinat d'un éventuel maire en manque de projets), tout comme, réciproquement, le niveau d'appropriation de cette dernière par les « gens de la place » ?
Car s'il est une force du modèle coopératif, n'est-ce pas justement de permettre aux gens du milieu d'avoir un sentiment de propriété par rapport à leur coopérative, et ne puissent donc faire autrement que de prendre eux-même en charge cette dernière ?
Et cette force ne représente-t-elle pas tout au moins l'une des raisons fondamentales qui ont pu expliquer le relatif succès de l'ancienne Coop, comme celui de toute autre coopérative pouvant exister en ce moment ?
Et pour en revenir au constat initial, ne faut-il pas avouer que, d'une façon ou d'une autre, ce sera manifestement la formule coopérative qui, en bout de ligne, nous aura le mieux servi ?
Alors pourquoi ferions-nous donc autre chose que ce qui a pu être démontré comme étant le plus adapté à nos besoins ?
Pourquoi, entre les options qui peuvent nous être offertes, devrions-nous en choisir une autre que la meilleure ?
Et surtout, pourquoi donc s'accrocher à la pire d'entre elles, comme nous semblons pourtant nous entêter à le faire en ce moment ?