14/06/2012

Saint-Camille et nous...

Lors de l'entrée précédente, nous avons énuméré les « ingrédients » de la « recette miracle » par laquelle le village de Saint-Camille a pu non seulement inverser d'une part une tendance à la décroissance démographique, mais a d'autre part su laisser prendre place chez elle une dynamique d'entraide et de partage qui fait maintenant l'envie d'à peu près tout le Québec... Nous avons également suggéré de nous demander jusqu'à quel point il pourrait s'avérer possible de transposer de tels ingrédients dans un contexte anjeannois, pour ainsi déterminer si la recette en question pourrait tout aussi bien se voir suivie ici... Commençons donc par rappeler en quoi consistent exactement ces ingrédients, et nous verrons bien si cela semble pouvoir s'appliquer à notre réalité !

En tout premier lieu, il semble plutôt fondamental de se rappeler que rien de bien intéressant n'aurait sans doute pu prendre place à Saint-Camille si ce n'avait été d'un honorable citoyen qui avait eu au départ l'idée pour le moins surpenante de vendre un de ses lots sous le prix du marché, et ce dans le simple but de favoriser l'établissement de nouvelles familles.

Est-ce là le genre d'événement que l'on pourrait envisager à l'Anse-Saint-Jean, au départ ?

Il ne faudrait certes pas tuer l'espoir dans l'oeuf, mais disons que ce n'est pas exactement l'impression que l'on peut avoir en constatant la difficulté que les nouvelles familles semblent avoir à l'heure actuelle pour ce qui est de venir s'établir à l'Anse, ou de tenter de le faire, tout au moins. Ainsi, un miracle peut toujours arriver, comme cela a donc pu se voir à Saint-Camille, et de nouveaux terrains pourraient soudainement s'ouvrir à l'habitation humaine, suite à un élan de générosité d'un citoyen plus ou moins illuminé, ou encore suite à un éclair de génie du gouvernement auquel il pourrait soudainement prendre l'envie de « dézoner » une ou deux terres agricoles en friche et donc pratiquement inutilisées, mais force est de constater que jusqu'ici, aucun miracle de ce type de s'est justement produit, ou du moins pas d'une manière qui puisse affecter plus qu'une ou deux familles à la fois.

En second lieu, il faut reconnaître que le modèle coopératif semble avoir occupé une place pour le moins centrale dans le développement du projet camillois, dont il aurait carrément permis l'éclosion., et auquel il aurait conféré le caractère communautaire qui en est finalement devenu la marque de commerce.

À ce chapitre, il faut cependant avouer que l'Anse-Saint-Jean est loin d'être en reste, puisque l'approche communautaire s'est manifestement enracinée depuis déjà plusieurs décennies dans cette terre d'adoption de l'ancienne commune des Plateaux, maintenant devenue elle-même une coopérative, tandis que les Ateliers Coopératifs du Fjord, entre autres Coopératives de développement, semble représenter le digne héritage d'une telle tradition. Il semble qu'il faille donc accorder à notre village le crédit de compter au moins l'un des ingrédients de la recette miracle de Saint-Camille... et non le moindre, par dessus le marché !..

Le seul petit hic, c'est que cet ingrédient semble ne pouvoir prendre sa pleine utilité qu'en présence de l'ingrédient suivant, soit d'un support solide et sans équivoque de la municipalité... Car si l'aide conjoncturelle d'un ordre de gouvernement ou un autre, notamment à travers l'octroi de certaines subventions, peut certes s'avérer utile, voire indispensable, on pourrait difficilement concevoir qu'un projet novateur et ambitieux comme celui du Rang 13 de Saint-Camille puisse se concrétiser sans avoir derrière lui une équipe municipale dotée d'une réelle vision, et donc d'une volonté claire et ferme d'aller de l'avant en ce sens.

Est-ce que l'on peut donc espérer, ici à l'Anse-Saint-Jean, pouvoir jouir de l'appui inconditionnel d'un conseil municipal et d'un maire qui puissent démontrer de la vision d'une part, et d'autre part une volonté d'agir de manière à faciliter la vie aux jeunes familles, plutôt que l'inverse ?

Sans vouloir là encore saper tout espoir envers le futur, permettons-nous tout simplement d'en douter...

Et pour ne citer qu'une raison d'entretenir un tel doute, comment se fait-il donc, si la municipalité de l'Anse-Saint-Jean tient tant à attirer de nouvelles familles, que non seulement le taux des taxes foncières s'avère passablement élevé, ce qui bien sûr s'ajoute à des évaluation foncières figurant parmi les plus élevées au Québec, mais qu'en plus il semble n'exister aucune forme de programme ou de mesure concrète visant à contrer de tels obstacles, ou qu'en d'autres termes la municipalité ne semble accorder aucune espèce de soutien réel aux familles, qui se voient donc laissées à la merci des factures les plus voraces que l'on puisse pourtant envisager pour ce qui n'est tout de même qu'un simple village en campagne ?

Et si l'Anse-Saint-Jean semble déjà faire aussi peu de cas des nouvelles familles, et semble déjà aussi peu pressée de courtiser ces dernières, comment peut-on donc espérer que les dirigeants de ce village décident soudainement de se lancer à ce niveau dans un projet qui soit ne demande ne serait-ce qu'un minimum de courage politique ?

Car après tout, c'est une chose de rêver, mais c'en est une autre de rêver en couleurs, n'est-ce pas ?

Ainsi, il faudrait donc se rendre à l'évidence, et constater que selon toute vraisemblance, « le fruit n'est pas mûr » pour ce qui est de résolument faire entrer l'Anse-Saint-Jean dans une ère communautaire et coopérative...

Ou peut-être devrait-on plutôt dire que le fruit n'est pas « encore » mûr, plus précisément ?

Pourquoi donc ne pas laisser une porte ouverte à l'espoir, et plus précisément à la possibilité que l'on puisse un jour voir germer les graines de vie communautaire et d'ouverture à la nouveauté qui pourtant semblent avoir été plantées à l'Anse depuis un certain temps déjà ?

Et pourquoi ne pas simplement conclure que, si à l'heure actuelle le fruit n'est pas mûr, la plante semble en fait avoir déjà commencé à pousser, et qu'alors il ne suffit peut-être que d'un « changement politique » pour qu'elle puisse enfin prendre son plein potentiel ?..

Quelle forme pourrait donc prendre un tel changement politique ? Bien entendu, rien n'empêcherait nos dirigeants municipaux actuels de le faire prendre place dès maintenant, si du moins c'était justement là leur intention...

Et autrement, il ne reste donc plus qu'à reporter nos espoirs jusqu'aux prochaines élections !

Alors en attendant, bonne patience, et surtout bon été !...

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