Que faire de notre montagne ?
Mais en y repensant, le simple fait de poser une telle question ne consiste-t-il pas à commencer par la fin plutôt que le commencement ?
Car la question de savoir ce que l'on fera de notre chère station ne devrait-elle pas d'abord dépendre de ce qu'on veut justement en faire, au départ ? Ainsi, pour ce qui est de déterminer quel modèle de développement est le meilleur, ne s'agit-il pas surtout de sélectionner le modèle qui s'avère le plus à même de répondre à nos propres objectifs collectifs ?
Et en premier lieu, si ce que nous voulons vraiment est de tout simplement revenir à une « gestion serrée » des finances du Mont-Édouard, alors n'est-ce pas la formule d'une coopérative de travailleurs qui semblerait s'imposer, puisque celle-ci aura manifestement fait ses preuves à ce niveau, notamment grâce à la valorisation du bénévolat, et ce durant la période allant de 1995 à 2005, où elle aura donc permis de gérer la montagne avec moins du sixième que ce que celle-ci peut maintenant coûter chaque année aux contribuables (soit environ 50 000 $ plutôt que 300 000 $ par année) ?
Mais sommes-nous toujours prêts à remettre ainsi la montagne dans un climat de continuelle précarité, où l'on se retrouverait pour ainsi dire à être pratiquement toujours « à la dernière cenne » ? Vous me ferez sans doute remarquer que c'est justement là le genre de gestion auquel les excès du passé nous auront forcé de revenir, et vous aurez indiscutablement raison, mais est-ce que cela représente pour autant une vision d'avenir digne de ce nom pour ce qui, comme on n'en finit plus de le rappeler, constitue en principe rien de moins que le moteur économique du village ?
Et si ce que l'on veut, c'est plutôt du développement, et donc une administration qui n'ait pas peur de prendre les risques inhérents à tout investissement, alors ne devrait-on pas plutôt se tourner vers le modèle de l'entreprise privée ? Car n'est-ce pas justement en invoquant le manque de développement associé à la gestion coopérative que le maire Boucher aura pu, non sans raison, invoquer la nécessité d'un changement à ce niveau ? Or, et dans la mesure où personne ne semble empressé de vendre la montagne, peut-on à tout le moins concevoir que le Mont-Édouard puisse se voir géré de façon suffisamment indépendante pour, d'une part, prendre ses propres décisions, et d'autre part, pour n'avoir justement qu'elle-même à blâmer pour toute décision qui aurait pu mal tourner, plutôt que de se voir imposer par la municipalité une façon de faire qui manifestement s'avère loin d'être toujours la meilleure, pour ensuite devoir ensuite en assumer l'entière responsabilité tandis que les politiciens s'évertuent à rejeter sur eux le blâmes des problèmes qu'ils ont eux-mêmes créés ?
Mais ceci étant dit, comment peut-on vouloir parler « d'autonomie décisionnelle » si l'autonomie financière n'est pas là pour la garantir en premier lieu ? Car après tout, n'est-ce pas toujours celui qui détient les cordons de la bourse qui se trouve de par le fait même à détenir les rennes du pouvoir, et n'est-ce donc pas à celui-là qu'il reviendra de prendre les décisions en bout de ligne, d'une façon ou d'une autre ? Ainsi, tant que le Mont-Édouard aura à quémander auprès de la municipalité les ressources financières lui permettant de boucler ses fins de mois, comment pourra-t-il vraiment prendre en charge son propre avenir ?
Et finalement, si l'objectif que nous recherchons est de gaspiller à tout prix l'argent des contribuables, alors pourquoi ne pas justement laisser la montagne sous le contrôle des politiciens de la municipalité, comme c'est bien sûr actuellement le cas, et ainsi l'exposer à toutes les erreurs de jugement dont les politiciens, de façon générale, semblent avoir pratiquement fait leur spécialité ?
Mais d'un autre côté, ne faut-il pas avouer que le rachat du centre de ski par la municipalité s'avère peut-être, au bout du compte, la seule chose qui aura bel et bien pu sauver celui-ci de la faillite ? Et sans l'ultime police d'assurance que représente en fait la propriété municipale, peut-on vraiment espérer qu'il puisse être considéré comme étant non risqué d'investir sur une montagne de ski, surtout si son histoire s'avère aussi mouvementée que celle du Mont-Édouard, ne serait-ce que dans la mesure où l'on souhaite voir de nouveaux arrivants s'établir ainsi et notamment acheter au moins quelques uns des innombrables terrains que la municipalité aura pu, dans l'un de ses coups d'éclat les plus douteux, décider de développer et de mettre en vente tout en même temps, et ce bien sûr aux frais des contribuables ? Et dans l'état de délabrement où les finances de la montagne auront donc pu être conduites, ne se retrouve-t-on pas pratiquement dans l'obligation de la garder et de corriger nous-mêmes le gâchis que nous auront pu occasionner, ne serait-ce que dans la mesure où l'on voudrait éventuellement la revendre ? Car après tout, qui voudrait vraiment se doter d'un actif qui, du moins à l'heure actuelle, semble se retrouver en si piteux état ?
Et si le simple fait de poser le problème de cette façon posait lui-même problème au départ ?
Et si, en fait, ce n'était au départ qu'une pure aberration de n'opter que pour un seul modèle, pour ensuite devoir admettre les limites de celui-ci, et finalement tout effacer et recommencer avec un autre modèle tout aussi imparfait, et ainsi de suite ?
Et si, autrement dit, l'on recherchait plutôt à combiner les forces respectives de chacun des modèles existants, et à permettre ainsi à ces derniers de s'équilibrer et se compléter l'un l'autre, alors que les forces de l'un compenseraient pour les faiblesses de l'autre ?
Et si, en bref, on ne gardait que les points positifs de chacun des modèles, pour laisser leurs points négatifs se voir contrebalancés par les points positifs des autres ?
Ainsi, pourquoi ne pas profiter de la stabilité municipale, tout en laissant pourtant à l'administration de la station toute l'indépendance qui peut lui être nécessaire pour agir responsablement, et même aller jusqu'à prendre des risques ?
Alors en ce sens, pourquoi ne pas tout simplement garantir au Mont-Édouard un financement annuel qui s'avère suffisant pour répondre à ses besoins, et qui soit donc au moins supérieur au 50 000 $ du temps de la coop, tout en demeurant assez limité pour que les administrateurs n'aient d'autre choix que de démontrer une certaine rigueur budgétaire ?
Car tant qu'à se résoudre une fois pour toutes à octroyer un montant annuel au Mont-Édouard, pourquoi ne pas en profiter pour déterminer d'avance un montant optimal qui d'une part serait donc suffisant pour couvrir les dépenses de base de la station, tout en étant d'autre part assez réduit pour encourager l'adoption d'une approche de saine austérité de la part de ses dirigeants ? Autrement dit, entre les « peanuts » que le Mont-Édouard a pu recevoir du temps de la coop et qui lui auront néanmoins permis de durer pendant tant d'années, et la somme plutôt rondelette de 300 000 $ que la même station peut nous coûter aujourd'hui, et ce pourtant dans ce que l'on nous présente pourtant comme une ère « d'austérité », quoiqu'on puisse affirmer sans trop se tromper qu'une telle somme serve surtout à effacer les erreurs du passé, entre ces deux extrêmes, donc, ne serait-il donc pas possible de tout simplement trouver quelque chose comme un juste milieu ?
En un mot, pourquoi ne pas tout simplement accepter que le Mont-Édouard se trouve à « coûter tant par année », et qu'à ce titre une telle dépense ne s'avère pas plus grave que celle que peut entraîner l'entretien annuel d'une patinoire extérieure ou intérieure, surtout dans la mesure où, dans le cas de notre montagne nationale, les retombées impliquées pour l'économie locales s'avèrent bien entendu tout autrement plus importantes que dans le cas d'une simple patinoire, de sorte qu'en bout de ligne, tous se trouvent déjà à en profiter de toute façon ?...
Et d'ailleurs, tant qu'à fournir un certain soutien financier au Mont-Édouard, pourquoi ne pas le faire intelligemment, et tout simplement lui verser celui-ci directement, de manière à permettre aux administrateurs d'être réellement en mesure de faire des choix responsables, plutôt que d'attitrer d'avance ce versement à une dépense en particulier telle que le paiement des factures d'électricité ? Car en plus d'enlever ainsi toute marge de manœuvre aux administrateurs, pourrait-on seulement concevoir une plus parfaite façon d'encourager le gaspillage, ne serait-ce qu'au niveau de l'électricité, justement ? En effet, croit-on en toute honnêteté que l'on pourrait voir les lumières du stationnement du Mont-Édouard allumées à toute heure du jour et de la nuit, comme cela semble être le cas actuellement, si, au bout du compte, les gestionnaires de ce dernier avaient à payer de leur propre poche la facture d'électricité ?
Et si la station devait avoir besoin de fonds supplémentaires pour les fins d'un quelconque projet particulier devant lui permettre de se développer, alors pourquoi ne pas lui laisser faire une demande officielle de financement à ce niveau, et commencer d'ailleurs par adresser une telle demande à tous les autres ordres de gouvernements, ou à toutes autre instance pouvant lui permettre d'obtenir un tel financement, plutôt que
d'avoir à systématiquement cogner à la porte de la municipalité, quoiqu'on puisse sans doute avancer que cette dernière ait rendu même une telle démarche futile en s'assurant au départ que la station ait déjà « tout cuit dans le bec » ?...
d'avoir à systématiquement cogner à la porte de la municipalité, quoiqu'on puisse sans doute avancer que cette dernière ait rendu même une telle démarche futile en s'assurant au départ que la station ait déjà « tout cuit dans le bec » ?...
Mais si une demande de financement en bonne et due forme devait éventuellement aboutir sur le bureau du conseil municipal, alors pourquoi celui-ci ne devrait-il pas donner suite à cette dernière, et ainsi encourager la station à prendre des initiatives à travers le lancement de projets constructifs et prometteurs, plutôt que d'encourager celle-ci à la stagnation et au gaspillage en l'assurant d'avance d'un financement public qu'elle sait pouvoir toucher d'une façon aussi prévisible que systématique, et auquel elle ne peut que devenir donc aussi dépendante que n'importe quel assisté social ?
Alors en admettant que l'on convienne, comme cela a pu se voir suggéré plus haut, de réduire le montant versé annuellement au Mont-Édouard, et que celui-ci soit donc fixé à quelque chose entre 100 000 $ et 200 000 $ par année, pourquoi ne pas tout simplement laisser la porte ouverte à tout financement supplémentaire qui pourrait se voir accordé sur une base ponctuelle et donc pour les fins d'un projet de développement précis, et ce jusqu'à concurrence d'un « montant annuel total » qui lui pourrait en principe s'élever jusqu'à environ 300 000 $, puisque c'est ce que l'on fait déjà sans que qui que ce soit ose déclarer y voir un problème, de peur de se voir aussitôt étiqueté comme un « opposant à la montagne » (comme si cela pouvait exister au départ !) ?...
En d'autres termes, si la municipalité tient à tout prix à payer à la station certaines de ses factures en particulier, pourquoi ne pas veiller à payer celles de projet précis et encourager ainsi l'initiative et le développement, plutôt que de payer des dépenses récurrentes au risque de n'encourager ainsi que l'inertie et la négligence ?
Et autrement dit, tant qu'à payer de nos propres poches les factures de la montagne, pourquoi ne pas tout simplement le faire intelligemment, et ainsi veiller à ce qu'un tel transfert d'argent s'avère surtout un investissement qui puisse rapporter autant que possible à la collectivité, surtout dans la mesure où l'on ne parle vraiment que de mieux investir un montant qui, tout au plus, ne dépasserait même pas celui que l'on se trouve déjà à dépenser ?
Et bien entendu, si l'on devait enfin se résoudre à traiter les administrateurs du Mont-Édouard comme les dirigeants d'une entreprise digne de ce nom, alors ne devrait-on pas justement commencer par désigner ces derniers à l'issue d'un processus d'appel d'offres en bonne et due forme ? Car après tout, comment s'étonner que la station soit gérée « n'importe comment » quand au départ ses dirigeants eux-mêmes ont justement été choisis « n'importe comment » ?...
Et pour en venir à clore cet article, on pourra sans doute convenir que sur les trois modèles de développement proposés au départ, soit ceux de coopérative, d'entreprise privée et d'organisme municipal, nous aurons donc pu établir ici les avantages et inconvénients, de même que les suggestions relatives à au moins deux de ces modèles, soit ceux d'entreprise privée et d'organisme municipal, de même qu'aux interactions potentielles entre ces derniers. Il ne resterait donc plus qu'à se pencher un peu plus sur la formule coopérative en tant que telle, ce que nous réserverons donc pour une prochaine entrée, ne serait-ce qu'afin de laisser à nos chers lecteurs un répit bien mérité, et de veiller à ce qu'il puisse donc profiter autant que possible de la période des Fêtes !
Alors sur ce, Joyeuses Fêtes !...
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