04/03/2012

À chacun son métier

Combien au juste a-t-il pu coûter à la municipalité, et donc aux contribuables, pour cette autre aventure douteuse dans laquelle cette dernière a pu s'embarquer, soit celle de s'en aller payer de sa propre poche pour au moins une partie du développement immobilier qui a pu se faire au pied des pentes du Mont-Édouard, ce qui semble représenter une anomalie tant dans le monde du ski que celui de la saine administration municipale ? En effet, ne semble-t-il pas s'avérer pratiquement aussi inhabituel pour une station de ski de voir le développement de son parc immobilier pris en charge par une municipalité, que pour une municipalité de se lancer au départ dans le développement immobilier ?

D'ailleurs, cela ne se trouve-t-il pas à être désespérément facile à expliquer ? Car y a-t-il par définition quoi que ce soit de plus hautement spéculatif, et donc risqué, que le développement immobilier ? Et depuis quand rentre-t-il donc dans le mandat d'une municipalité, ou d'un gouvernement de quelque ordre que ce soit, de commencer à faire des paris moindrement risqués avec l'argent des contribuables ? Cela ne représente-t-il pas plutôt la dernière chose dont devrait se rendre coupable une administration publique qui soit ne serait-ce que moindrement digne de ce nom ?

Et au cas où l'on douterait que la spéculation immobilière ne puisse par définition faire partie de la mission d'une municipalité, ni d'ailleurs champs de compétence, alors pourrait-on seulement rêver d'en trouver un jour une meilleur preuve que celle justement fournie par le règne du maire Claude Boucher ?

Car parmi tous les chalets dont la municipalité a donc pu entreprendre la construction, le moins que l'on puisse dire n'est-il pas que ceux-ci sont encore loin d'être tous vendus ? Et d'ailleurs, à combien peut donc s'élever le manque à gagner que représente pour la municipalité, et donc pour les contribuables, tous ces coûteux actifs dont absolument rien ne semble garantir qu'ils puissent jamais entraîner un retour sur l'investissement qui en vaille moindrement la peine ?

Mais pour en revenir à la question posée plus haut, pourrait-on donc seulement concevoir une meilleure démonstration que s'il est un jeu qui semble s'avérer aussi peu avisé que couteux, c'est bien celui qui, pour une quelconque forme de gouvernement, consiste à se prendre pour une « business » ? Et après tout, peut-on seulement en vouloir aux politiciens de ne pas nécessairement savoir prendre de décisions commerciales éclairées, puisque ce n'est au départ tout simplement pas leur job ! Or justement, une telle constatation ne serait-elle pas sensé au départ réclamer ne serait-ce que la plus élémentaire prudence ? Alors comment se fait-il que, depuis l'arrivée au pouvoir de Claude Boucher, on semble avoir plutôt pu assister au contraire, et notamment au spectacle offert par un maire qui se sera pris apparemment pour un meilleur businessman que les businessmen eux-mêmes, et qui aura donc commencé à jeter des millions là où même les investisseurs les plus aguerris n'avaient manifestement pas jugé particulièrement intéressant de s'aventurer, soit dans le construction résidentielle autour du Mont-Édouard, et ce bien sûr avec les résultats que l'on connaît aujourd'hui ?

Or, si l'on se met à moindrement observer les entrepreneurs dignes de ce nom qui, dans le même secteur, soit le pied des pentes du Mont-Édouard, auront de leur côté réussi à plutôt bien tirer leur épingle du jeu, ne peut-on pas plutôt remarquer chez ces derniers les comportements typiques de toute entreprise moindrement bien gérée, à commencer par une prudence on ne peut plus élémentaire consistant donc à ne construire que ce qui a de bonnes chances de se voir ensuite vendu, et de n'entreprendre de nouvelles constructions qu'au fur et à mesure que les constructions précédentes peuvent être vendues, et donc seulement dans la mesure où la pertinence d'un tel projet peut justement se voir démontrée ?

Et là encore, n'est-il pas proprement saisissant d'observer le contraste entre une démarche aussi logique et naturelle, et celle du maire Boucher, qui semble avoir préféré commencer par payer de sa poche, ou plutôt de la nôtre, la construction en bloc d'un nombre non négligeables de chalets, sans jamais s'être apparemment demandé si ceux-ci avaient la moindre chance d'être vendus, et pour ensuite oser s'insurger du fait que l'on se retrouve finalement le bec à l'eau ? Comment le maire peut-il donc s'étonner d'avoir tout simplement récolté ce qu'il a semé ? Qu'est-ce qui le surprend donc dans le fait qu'il ne lui reste plus maintenant qu'à payer pour son imprudence ? Mais après-tout, est-ce vraiment si malheureux pour ce dernier, puisque, pour essuyer ses frasques, il n'a en fait qu'à piger dans la cagnotte des contribuables ?

Au fait, ce curieux pouvoir par lequel on peut faire payer les autres pour ses propres erreurs ne représente-il pas sans doute la raison première pour laquelle les politiciens semblent souvent si peu préoccupés à l'idée qu'ils sont peut-être en train de se tromper ? Et n'est-ce pas justement pour cela que l'on devrait sans doute chercher au départ à réduire, plutôt qu'à augmenter la liste des tâches que l'on peut leur confier, et donc leur chances de se tromper, ainsi que le coût pouvant ainsi se voir entraîné ? Mais surtout, s'il est une chose que l'on devrait à tout prix tenir à distance des politiciens, n'est-pas en fait tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une occasion de faire des paris risqués, ou en d'autres termes du gambling avec l'argent des contribuables, comme, une fois de plus, l'échec immobilier au pied du Mont-Édouard ne saurait sans doute mieux le démontrer ?

En bref, toute cette saga ne représente-il pas qu'une preuve ultime de ce vieil adage : « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées » ?...

D'ailleurs, pourquoi diable la municipalité, sous le règne de Claude Boucher, ne s'est-elle pas contentée au départ de s'en tenir au rôle qui est le sien, et notamment aux seules responsabilités qui pouvaient réellement lui incomber, en matière de construction d'infrastructures ? En effet, et selon un partage de tâches qui avait sagement pu se voir établi alors que le maire Laurent-Yves Simard était encore en poste, n'avait-il pas été stipulé que c'est à nul autre que l'entrepreneur lui-même qu'il revenait en fait de prendre en charge ce qui, en fin de compte, représentait pratiquement l'essentiel des tâches en la matière, du tracé des rues à leur construction proprement dite, en passant notamment par celle de leur infrastructure souterraine, et donc des égouts et de l'aqueduc ? Ainsi, la municipalité ne se trouvait-elle pas à n'être finalement responsable que de l'asphaltage, puis de l'éclairage, une fois bien sûr qu'elle aura d'abord approuvé le travail préalablement effectué par l'entrepreneur, suite à l'inspection de ce travail par un ingénieur certifié, et à la confirmation par ce dernier que tout aura été fait selon les règles pouvant s'appliquer à ce niveau ?

Alors considérant que les rôles de chacun avaient pourtant pu se voir aussi clairement définis, pourquoi diable le maire Boucher a-t-il pu soudainement se sentir envahi de faire payer à la municipalité la construction de l'infrastructure même d'un développement immobilier qui, comme on vient donc de le démontrer, ne figurait même pas au départ parmi la liste des responsabilités qui devraient normalement se voir confiées à une municipalité ?

Et encore une fois, à combien s'élève donc la facture pour de tels travaux qui, en bout de ligne, paraissent pourtant n'avoir jamais été réellement justifiés ?

Le maire est-il donc à ce point en mal de dépenser qu'il lui faut carrément inventer de nouvelles façons de dilapider en vain l'argent des contribuables ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire